Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, pirate des mots et philanalyste en herbe présente
l'ACTE I de la pièce de théâtre
Le Chalet Bleu, une psycomédie :
l'ACTE I de la pièce de théâtre
Le Chalet Bleu, une psycomédie :
Acte I
[Le rideau se lève sur quatre personnages :
John, un monsieur d’un certain âge, à l’allure de « gentleman-farmer » avec son chien.
Ilan, jeune homme, la trentaine mais paraissant moins, en tenue de parfait montagnard qui « vient juste de quitter la ville » portable à la main gauche.
Anne, femme blonde — la trentaine aussi — très élégante, en tenue de marche].
Scène 1
Ilan, [vieille carte IGN à la main droite] :
— Je ne m’explique pas…
Comment est-ce possible ?
J’ai suivi le sentier dans les règles de l’art
Et nous n’avons pas vu le chalet de ton oncle !
C’est une Maison Bleue… invisible au regard…
Vague croix sur la carte, un tracé illisible…
Anne :
— Mon guide préféré descend donc de son socle ?
Cette fois nous voici perdus sans que ce soit
À cause de la blonde !
Oh… doublement je t’aime…
Ilan :
— Et vous vivez ici toute l’année ?
John [avec un accent très british] :
— Ma foi
En partie oui, Monsieur.
Six mois je compose, et six mois je savoure…
Anne :
— Pardon ?
Ilan [Tapant "au clair de la lune" sur le piano] :
— Vous êtes musicien…
La montagne vous donne l’inspiration
Pour réaliser votre œuvre, et… l’alcool aussi !
Anne :
— Oh oh oh !
John :
— Ce n’est pas tout à fait cela : c’est au village.
Automne et hiver, je prépare des mélanges
Et j’ai un alambic !
Au printemps, et pour l’été, je monte au chalet,
Où j’ai le plaisir de savourer mes trouvailles
Avec de bons amis.
C’est offert gracieusement pour ceux qui parfois
S’aventurent ici, perdus dans la montagne !
Ilan :
— Non ?
C’est géant !
J’adore !
Anne :
— Puisque nous ne sommes pas à la Maison Bleue,
Il est préférable, Ilan, de partir de suite…
John :
— Vous êtes au Chalet Bleu, ici, petite dame.
La nuit tombe vite en août…
Il est sage de songer à dormir sur place.
Je vous ferai donc un bon prix pour le coucher
Et j’aurai grand plaisir — si vous osez goûter
Certains de mes trésors — à souper avec vous !
Anne :
— Non merci !
Ilan [en même temps] :
— Avec grand plaisir…
Anne :
— Sans façon…
Tu ne rates jamais une occasion de boire !
[À part]
Je ne veux pas passer une nuit dans ce trou
Avec un vieux qui n’a pas dû voir une fille
Depuis au moins vingt ans.
Ilan :
— Oui, c’est sûr… mais pourtant que la montagne est belle :
Il a peut-être trouvé dans sa solitude,
Des brebis et des chèvres…
Anne :
— Ah ?
Parce que vous faites aussi du fromage ?
John [riant] :
— Ah…
C’est l'humour français !
Ilan :
— C’est mieux que tu sois blonde !
[Le rideau se lève sur quatre personnages :
John, un monsieur d’un certain âge, à l’allure de « gentleman-farmer » avec son chien.
Ilan, jeune homme, la trentaine mais paraissant moins, en tenue de parfait montagnard qui « vient juste de quitter la ville » portable à la main gauche.
Anne, femme blonde — la trentaine aussi — très élégante, en tenue de marche].
Scène 1
Ilan, [vieille carte IGN à la main droite] :
— Je ne m’explique pas…
Comment est-ce possible ?
J’ai suivi le sentier dans les règles de l’art
Et nous n’avons pas vu le chalet de ton oncle !
C’est une Maison Bleue… invisible au regard…
Vague croix sur la carte, un tracé illisible…
Anne :
— Mon guide préféré descend donc de son socle ?
Cette fois nous voici perdus sans que ce soit
À cause de la blonde !
Oh… doublement je t’aime…
Ilan :
— Et vous vivez ici toute l’année ?
John [avec un accent très british] :
— Ma foi
En partie oui, Monsieur.
Six mois je compose, et six mois je savoure…
Anne :
— Pardon ?
Ilan [Tapant "au clair de la lune" sur le piano] :
— Vous êtes musicien…
La montagne vous donne l’inspiration
Pour réaliser votre œuvre, et… l’alcool aussi !
Anne :
— Oh oh oh !
John :
— Ce n’est pas tout à fait cela : c’est au village.
Automne et hiver, je prépare des mélanges
Et j’ai un alambic !
Au printemps, et pour l’été, je monte au chalet,
Où j’ai le plaisir de savourer mes trouvailles
Avec de bons amis.
C’est offert gracieusement pour ceux qui parfois
S’aventurent ici, perdus dans la montagne !
Ilan :
— Non ?
C’est géant !
J’adore !
Anne :
— Puisque nous ne sommes pas à la Maison Bleue,
Il est préférable, Ilan, de partir de suite…
John :
— Vous êtes au Chalet Bleu, ici, petite dame.
La nuit tombe vite en août…
Il est sage de songer à dormir sur place.
Je vous ferai donc un bon prix pour le coucher
Et j’aurai grand plaisir — si vous osez goûter
Certains de mes trésors — à souper avec vous !
Anne :
— Non merci !
Ilan [en même temps] :
— Avec grand plaisir…
Anne :
— Sans façon…
Tu ne rates jamais une occasion de boire !
[À part]
Je ne veux pas passer une nuit dans ce trou
Avec un vieux qui n’a pas dû voir une fille
Depuis au moins vingt ans.
Ilan :
— Oui, c’est sûr… mais pourtant que la montagne est belle :
Il a peut-être trouvé dans sa solitude,
Des brebis et des chèvres…
Anne :
— Ah ?
Parce que vous faites aussi du fromage ?
John [riant] :
— Ah…
C’est l'humour français !
Ilan :
— C’est mieux que tu sois blonde !
[CHANSONNETTE DE ANNE :]
Je ne sais pas pourquoi
Dès que j’ouvre la bouche
Les regards sont sur moi
Pour me botter en touche !
Être blonde naïve
Ce n’est pas forcément
Être simple d’esprit…
Être blonde naïve
Ce n’est pas pour autant
Que je n’ai rien compris !
Attention les amis,
Vous risquez la surprise
En croyant que la blonde
Est ici sans cerveau…
Vous allez, c’est promis
Souvent changer la mise
Pour découvrir un monde
Où vous serez les veaux…
Être blonde naïve
Ce n’est pas forcément
Être simple d’esprit…
Être blonde naïve
Ce n’est pas pour autant
Que je n’ai rien compris !
Je ne sais pas pourquoi
Dès que j’ouvre la bouche
Les regards sont sur moi
Pour me botter en touche !
Être blonde naïve
Ce n’est pas forcément
Être simple d’esprit…
Être blonde naïve
Ce n’est pas pour autant
Que je n’ai rien compris !
Attention les amis,
Vous risquez la surprise
En croyant que la blonde
Est ici sans cerveau…
Vous allez, c’est promis
Souvent changer la mise
Pour découvrir un monde
Où vous serez les veaux…
Être blonde naïve
Ce n’est pas forcément
Être simple d’esprit…
Être blonde naïve
Ce n’est pas pour autant
Que je n’ai rien compris !
Ilan :
— N’t’inquiète pas, chérie…
J’n’ai pas encore trouvé
Mieux que toi, dans mes balades sur la planète !
Anne :
— Oh… C’est très rassurant !
John :
— Eh, les petits, il ne faudrait pas vous fâcher.
Venez donc près du feu.
Chauffez-vous et buvez !
Anne :
— Il croit vraiment que je vais goûter ses folies…
Ilan [triturant son énorme portable avec antenne] :
— Dire qu’il n’y a pas de réseau satellite…
Oh, là, tu as tort de jouer à la bourgeoise.
Il nous accueille bien…
Nous pouvons passer un agréable moment.
[On sonne à la cloche de la porte]
[Voix de dehors]
André :
— Y’a quelqu’un ?
Jeanne :
— Y’a quelqu’un ?
John :
— C’est un soir merveilleux : encore de la visite !
[La porte s’ouvre et entrent Jeanne, avec des lunettes de soleil sur le nez, et André :
Un couple bohème-écolo-bio, habitué aux principes de la communauté, tous les deux la trentaine, habillés très cool, un peu hippie].
Scène 2
Jeanne :
— Comme c’est tout charmant.
Oh, la jolie cabane !
Oh y’a un vrai berger avec son gros gros chien.
Oh oh oh…
Bonjour, ou plutôt bonsoir à tous.
[À Ilan et Anne] :
Vous êtes de la famille et vous visitez ?
Venir voir son pépé…
Ah… Comme c’est charmant !
Anne [à l’écart] :
— Non mais, ai-je une tête à avoir un beau-grand-père
En berger alcoolique ?
Ilan [très fièrement] :
— Il y a confusion,
On est là par hasard.
C’était sur notre route et comme il faisait tard,
Nous avons cru penser
Nous arrêter ce soir en ce lieu pittoresque
Pour y passer la nuit.
John :
— Bien sûr !
André :
— C’est rigolo…
Parce que nous, nous sommes perdus pour de bon.
Nous devions retrouver aujourd’hui un vieil oncle,
Parent de ma chérie…
Et la carte reçue
Ne doit plus être à jour…
Jeanne :
— Oui, et maintenant la nuit est vraiment trop noire…
Dehors… on n’y voit rien !
Anne [à part] :
— Et ça joue à la star en gardant ses Ray-Ban© !
André [qui a entendu et qui sort une autre paire de lunettes non fumées pour les mettre sur le nez de Jeanne] :
— Ce sont des lunettes adaptées à sa vue…
Ilan [à Anne, à l’écart] :
— Sois plus discrète pour lancer des vacheries !
Anne :
— Oups…
Désolée, elle me prend déjà bien la tête…
Ilan :
— Je la trouve sympa…
C’est étrange d'ailleurs !
[S’adressant à l’ensemble] :
J’aime ce lieu, nous pourrions y dormir alors
Et passer une nuit la meilleure possible !
André :
— Il y a la soirée
Que j’envisage aussi…
[Se grattant le bas ventre]
Je me sens bien ici.
Monsieur a besoin d’aide ?
Je viens à la cuisine,
Si vous le voulez bien…
John :
— Grand merci, bonne idée…
Je suis John !
André :
— Ah…
Oui… John…
Votre accent dit donc vrai !
Voici Jeanne…
Et moi, c’est André.
J’arrive vite…
[À Jeanne] :
Jeanne, repose-toi, tu dois être épuisée.
[Il lui retire chaussures et chaussettes].
Anne [se rapprochant d’André] :
— Oh… mais il sait y faire
Avec les dames…
Ilan :
— Anne…
Oh…
Viens par là ma chérie…
John :
— Hello, les Parisiens,
Commençons par goûter un petit apéro…
Du maison, s’il vous plaît !
Ilan :
— Avec plaisir,
Mais cher monsieur
Entendez que…
Il y a des Français plutôt civilisés
Qui ne sont pas forcément de la capitale.
John :
— Certes…
Certes…
Merci !
Mais qui dois-je servir ?
Jeanne :
— Un tout… tout petit peu.
André :
— Non merci.
Anne :
— Sans façon…
Ilan [à Anne] :
— Allez,
Oh…
Goûte-le…
Anne :
— S’il nous refait le coup de l’Auberge Rouge ?
John [qui a entendu] :
— Ah,
Ah, ah, ah… je n’ai pas l’accent de Fernandel !
[Le chien aboie, la cloche sonne]
[Voix de dehors]
Thérèse :
— Quelqu’un est là ?
Peut-on entrer ?
Oui, c’est ouvert !
[La porte s’ouvre et entrent Thérèse, la cinquantaine, élégante, et Yvane, jolie demoiselle, la trentaine, elles sont en tenues adaptées à la montagne, mais sobres]
Scène 3
Thérèse :
— Entre vite très chère,
Ça sent bon,
Y’a du monde !
J’aime ce Chalet Bleu !
Nous n’aurons pas marché
Au risque de nous perdre
Pour vivre une nuit à deux à la belle étoile !
Yvane :
— Ah…
Oui…
Mais…
C’est peut-être complet ?
André [en « marcel »] :
— Non, non, non les amies !
Soyez les bienvenues
Chez le cher monsieur John,
Le bon berger anglais !
Notre hôte atypique…
Moi, c’est André, et voici Jeanne mon amie.
Anne [à l’écart du groupe] :
— C’est bon, il est déjà chez lui en six minutes.
Sa chère pouffiasse se balade pieds nus.
Après avoir même retiré sa chemise
Le voilà qui se charge d’accueillir tout le monde…
En marcel.
Allez hop…
Encore deux de plus,
J’assure une partouze !
[Le chien aboie de nouveau.]
[Voix de dehors]
Hervé David [qui frappe à la porte] :
— Y’a quelqu’un ?
Katty :
— C’est marqué sur la porte :
« Le Chalet Bleu »…
Et pas
« La Maison Bleue »
Tu t’es donc bien trompé !
Oh…
On ne frappe pas…
Oh…
S’il y a une cloche !
Oui, Hervé David, sonne,
Sonne…
Et entre donc…
[La cloche sonne, la porte s’ouvre et entrent Hervé David et Katty, la trentaine aussi !
Des parisiens bobos très chics, charmants mais un peu excentriques, parisiens par excellence, portant des tenues de montagnards un peu extravagantes, avec des vêtements de grandes marques].
Scène 4
H.D :
— Wahoo, là on fait fort.
C’est un genre « Hot club »
Un privé
Un spécial
Où l’on boit beaucoup, où l’on mange avec les mains.
Déguisés… des bouteilles…
Une soirée un peu trash…
Kate :
— Géant !
J’adore…
Nous sommes bien perdus
Ah…
Oui…
C’est formidable…
Où se trouve notre hôte ?
Oh… je dois nous inviter.
C’est trop trop trop…
C’est trop !
— N’t’inquiète pas, chérie…
J’n’ai pas encore trouvé
Mieux que toi, dans mes balades sur la planète !
Anne :
— Oh… C’est très rassurant !
John :
— Eh, les petits, il ne faudrait pas vous fâcher.
Venez donc près du feu.
Chauffez-vous et buvez !
Anne :
— Il croit vraiment que je vais goûter ses folies…
Ilan [triturant son énorme portable avec antenne] :
— Dire qu’il n’y a pas de réseau satellite…
Oh, là, tu as tort de jouer à la bourgeoise.
Il nous accueille bien…
Nous pouvons passer un agréable moment.
[On sonne à la cloche de la porte]
[Voix de dehors]
André :
— Y’a quelqu’un ?
Jeanne :
— Y’a quelqu’un ?
John :
— C’est un soir merveilleux : encore de la visite !
[La porte s’ouvre et entrent Jeanne, avec des lunettes de soleil sur le nez, et André :
Un couple bohème-écolo-bio, habitué aux principes de la communauté, tous les deux la trentaine, habillés très cool, un peu hippie].
Scène 2
Jeanne :
— Comme c’est tout charmant.
Oh, la jolie cabane !
Oh y’a un vrai berger avec son gros gros chien.
Oh oh oh…
Bonjour, ou plutôt bonsoir à tous.
[À Ilan et Anne] :
Vous êtes de la famille et vous visitez ?
Venir voir son pépé…
Ah… Comme c’est charmant !
Anne [à l’écart] :
— Non mais, ai-je une tête à avoir un beau-grand-père
En berger alcoolique ?
Ilan [très fièrement] :
— Il y a confusion,
On est là par hasard.
C’était sur notre route et comme il faisait tard,
Nous avons cru penser
Nous arrêter ce soir en ce lieu pittoresque
Pour y passer la nuit.
John :
— Bien sûr !
André :
— C’est rigolo…
Parce que nous, nous sommes perdus pour de bon.
Nous devions retrouver aujourd’hui un vieil oncle,
Parent de ma chérie…
Et la carte reçue
Ne doit plus être à jour…
Jeanne :
— Oui, et maintenant la nuit est vraiment trop noire…
Dehors… on n’y voit rien !
Anne [à part] :
— Et ça joue à la star en gardant ses Ray-Ban© !
André [qui a entendu et qui sort une autre paire de lunettes non fumées pour les mettre sur le nez de Jeanne] :
— Ce sont des lunettes adaptées à sa vue…
Ilan [à Anne, à l’écart] :
— Sois plus discrète pour lancer des vacheries !
Anne :
— Oups…
Désolée, elle me prend déjà bien la tête…
Ilan :
— Je la trouve sympa…
C’est étrange d'ailleurs !
[S’adressant à l’ensemble] :
J’aime ce lieu, nous pourrions y dormir alors
Et passer une nuit la meilleure possible !
André :
— Il y a la soirée
Que j’envisage aussi…
[Se grattant le bas ventre]
Je me sens bien ici.
Monsieur a besoin d’aide ?
Je viens à la cuisine,
Si vous le voulez bien…
John :
— Grand merci, bonne idée…
Je suis John !
André :
— Ah…
Oui… John…
Votre accent dit donc vrai !
Voici Jeanne…
Et moi, c’est André.
J’arrive vite…
[À Jeanne] :
Jeanne, repose-toi, tu dois être épuisée.
[Il lui retire chaussures et chaussettes].
Anne [se rapprochant d’André] :
— Oh… mais il sait y faire
Avec les dames…
Ilan :
— Anne…
Oh…
Viens par là ma chérie…
John :
— Hello, les Parisiens,
Commençons par goûter un petit apéro…
Du maison, s’il vous plaît !
Ilan :
— Avec plaisir,
Mais cher monsieur
Entendez que…
Il y a des Français plutôt civilisés
Qui ne sont pas forcément de la capitale.
John :
— Certes…
Certes…
Merci !
Mais qui dois-je servir ?
Jeanne :
— Un tout… tout petit peu.
André :
— Non merci.
Anne :
— Sans façon…
Ilan [à Anne] :
— Allez,
Oh…
Goûte-le…
Anne :
— S’il nous refait le coup de l’Auberge Rouge ?
John [qui a entendu] :
— Ah,
Ah, ah, ah… je n’ai pas l’accent de Fernandel !
[Le chien aboie, la cloche sonne]
[Voix de dehors]
Thérèse :
— Quelqu’un est là ?
Peut-on entrer ?
Oui, c’est ouvert !
[La porte s’ouvre et entrent Thérèse, la cinquantaine, élégante, et Yvane, jolie demoiselle, la trentaine, elles sont en tenues adaptées à la montagne, mais sobres]
Scène 3
Thérèse :
— Entre vite très chère,
Ça sent bon,
Y’a du monde !
J’aime ce Chalet Bleu !
Nous n’aurons pas marché
Au risque de nous perdre
Pour vivre une nuit à deux à la belle étoile !
Yvane :
— Ah…
Oui…
Mais…
C’est peut-être complet ?
André [en « marcel »] :
— Non, non, non les amies !
Soyez les bienvenues
Chez le cher monsieur John,
Le bon berger anglais !
Notre hôte atypique…
Moi, c’est André, et voici Jeanne mon amie.
Anne [à l’écart du groupe] :
— C’est bon, il est déjà chez lui en six minutes.
Sa chère pouffiasse se balade pieds nus.
Après avoir même retiré sa chemise
Le voilà qui se charge d’accueillir tout le monde…
En marcel.
Allez hop…
Encore deux de plus,
J’assure une partouze !
[Le chien aboie de nouveau.]
[Voix de dehors]
Hervé David [qui frappe à la porte] :
— Y’a quelqu’un ?
Katty :
— C’est marqué sur la porte :
« Le Chalet Bleu »…
Et pas
« La Maison Bleue »
Tu t’es donc bien trompé !
Oh…
On ne frappe pas…
Oh…
S’il y a une cloche !
Oui, Hervé David, sonne,
Sonne…
Et entre donc…
[La cloche sonne, la porte s’ouvre et entrent Hervé David et Katty, la trentaine aussi !
Des parisiens bobos très chics, charmants mais un peu excentriques, parisiens par excellence, portant des tenues de montagnards un peu extravagantes, avec des vêtements de grandes marques].
Scène 4
H.D :
— Wahoo, là on fait fort.
C’est un genre « Hot club »
Un privé
Un spécial
Où l’on boit beaucoup, où l’on mange avec les mains.
Déguisés… des bouteilles…
Une soirée un peu trash…
Kate :
— Géant !
J’adore…
Nous sommes bien perdus
Ah…
Oui…
C’est formidable…
Où se trouve notre hôte ?
Oh… je dois nous inviter.
C’est trop trop trop…
C’est trop !
[CHANSONNETTE EN DUO DE H.D ET KATE]
[Les deux]
En balade champêtre,
À la recherche d'un abri
Pour éviter la nuit tombante
De camper sous la pluie !
Nous craignions bien un piètre
Chalet sans caractère…
Quelle surprise plaisante :
Plutôt qu’un lieu austère,
C’est un lieu où l’on rit !
[H.D]
— Une fête s’annonce,
Nous venons nous joindre à vous… Oui !
[Kate]
— Une fête s’annonce,
Nous venons nous joindre à vous… Oui !
[H.D]
— Elles ne sont pas parisiennes
Oh…
Mais cela ne me gêne pas…
[Kate]
— Ils ne sont pas parisiens
Ah…
Mais cela ne me gêne pas…
[H.D]
— Et j’en suis ravi…
[Kate]
— Et j’en suis ravie…
[H.D]
— Une soirée à raconter à mes amis !
[Kate]
— Un délice pour mes copines…
[Les deux]
Dès notre retour à Paris…
Ah !
C’est excellent
Quel dépaysement !
[Les deux]
En balade champêtre,
À la recherche d'un abri
Pour éviter la nuit tombante
De camper sous la pluie !
Nous craignions bien un piètre
Chalet sans caractère…
Quelle surprise plaisante :
Plutôt qu’un lieu austère,
C’est un lieu où l’on rit !
[H.D]
— Une fête s’annonce,
Nous venons nous joindre à vous… Oui !
[Kate]
— Une fête s’annonce,
Nous venons nous joindre à vous… Oui !
[H.D]
— Elles ne sont pas parisiennes
Oh…
Mais cela ne me gêne pas…
[Kate]
— Ils ne sont pas parisiens
Ah…
Mais cela ne me gêne pas…
[H.D]
— Et j’en suis ravi…
[Kate]
— Et j’en suis ravie…
[H.D]
— Une soirée à raconter à mes amis !
[Kate]
— Un délice pour mes copines…
[Les deux]
Dès notre retour à Paris…
Ah !
C’est excellent
Quel dépaysement !
H.D :
— Vous êtes donc de la fête, ma jolie dame ?
Yvane :
— C’est une bonne blague !
Nous sommes en promenade, Thérèse et moi !
Nous aimons la montagne…
Ilan [à l’écart, en désignant Yvane] :
— Je la connais celle-là !
Anne :
— Tu disais ?
Ilan :
— Rien, rien…
Non…
Anne :
— Eh bien moi, mon chéri,
Je crois que l’on va reprendre les sacs à dos.
John :
— Si vous n’avez pas peur de marcher sous la pluie…
Avec la tempête qui s’annonce ce soir…
Si vous allez bien vite
Vous pouvez espérer gagner votre maison
Dans moins de trois-quatre heures…
Enfin… sans vous perdre !
Ilan :
— Oh… pardon cher Monsieur,
Nous sommes bien moins loin de la destination.
C’est parce que le soir semblait tomber trop vite
Qu’il nous a semblé bon de nous poser un peu
Et prendre quelques forces…
John :
— Non… désolé jeune homme
Mais votre Maison Bleue est vraiment loin encore
De votre souhait ce soir !
Tous sauf Yvane, Thérèse et John :
— La Maison Bleue ?
Oh…
Ah…
Jeanne à H.D :
— Vous la connaissez donc ?
Kate :
— Adossée à la colline.
On y vient à pieds !
Anne :
— Elle est ouverte à tous…
Oui… On ne frappe pas…
Vous y allez aussi ?
André :
— Ah… C’est trop rigolo…
Nous allons voir ensemble le vieil oncle Jean !
Jeanne [qui éclate de rire] :
— Oh… c’est formidable !
Yvane :
— Dites-moi c’est quoi cette histoire d’oncle Jean ?
Jeanne :
— Là, je crois qu’il faut vite
Que j’aille faire pipi !
[Elle sort par la porte des toilettes]
Scène 5
Ilan [à Yvane] :
— Tu ne vas pas à la Maison Bleue ?
Yvane :
— Oh non,
Non…
Pas forcément…
Pourquoi ?
Anne [à Ilan] :
— Tu la tutoies ?
Tu la connais ?
Cette fille ?
Qui est-elle ?
Yvane [regardant Ilan] :
— Oh mais !
Anne [à Ilan et Yvane] :
— Vous vous connaissez donc ?
Yvane :
— Là… c’est incroyable !
Retrouver un petit ami dans la montagne
Alors qu’il s’est perdu…
Anne [à Ilan] :
— C’est une de tes ex ?
Yvane :
— Il y a si longtemps !
Ah… Tu t’es affiné et tu as bien grandi,
Tout en prenant de l’âge.
Et cela te va mieux !
Oui, cela te va bien…
Tu es devenu plutôt beau gosse aujourd’hui !
Tu étais mini-man…
Anne [à Yvane] :
— Je suis avec Ilan depuis déjà trois ans !
Nous nous sommes même mariés l’été dernier…
Thérèse :
— Ne vous inquiétez pas pour votre joli couple,
Ma chérie aussi n’est pas non plus disponible.
Cependant comme nous nous promenons à deux,
Sans un projet précis à travers la montagne,
Il est vrai qu’un retour jusqu'à la Maison Bleue
Me semble très tentant.
Yvane :
— C’est vrai qu’une balade entre filles c’est bien.
Ah…
N’est-ce pas Thérèse !
Scène 6
[Revenant des toilettes]
Jeanne :
— Oh… vous êtes ensemble ?
C’est génial !
Je retourne au pipi !
Kate :
— C’est trop, trop… je te suis !
[Elle sort à la suite de Jeanne]
Scène 7
H.D :
— Nous allons en raconter au vieil oncle Jean !
Cette soirée improvisée a tout pour plaire.
Oh, les filles, j'insiste !
Venez donc avec nous.
Ce sera une semaine de folie en un lieu formidable,
Au cœur de la montagne !
John :
— Allez, on trinque tous…
À toutes ces rencontres
Et à vos retrouvailles,
Vous deux, les tourtereaux !
Anne [à Ilan] :
— Je ne vais pas passer la soirée et la nuit
Dans la promiscuité
De l’une de tes ex, que tu m’as bien cachée !
Ilan [à Anne] :
— Oh, c’était y’a plus de dix ans, j’étais ado.
Y'a prescription.
C’est sûr !
Et puis, tu as vu, elle est gouine maintenant !
H.D [qui a entendu… discrètement] :
— Il est plus délicat de parler de Lesbiennes.
André [discrètement aussi] :
— On dit aussi « goudous » !
Scène 8
[Rentrée de Kat et Jeanne]
Yvane [aux deux filles] :
— Eh…
C’est dans quel état ?
— Vous êtes donc de la fête, ma jolie dame ?
Yvane :
— C’est une bonne blague !
Nous sommes en promenade, Thérèse et moi !
Nous aimons la montagne…
Ilan [à l’écart, en désignant Yvane] :
— Je la connais celle-là !
Anne :
— Tu disais ?
Ilan :
— Rien, rien…
Non…
Anne :
— Eh bien moi, mon chéri,
Je crois que l’on va reprendre les sacs à dos.
John :
— Si vous n’avez pas peur de marcher sous la pluie…
Avec la tempête qui s’annonce ce soir…
Si vous allez bien vite
Vous pouvez espérer gagner votre maison
Dans moins de trois-quatre heures…
Enfin… sans vous perdre !
Ilan :
— Oh… pardon cher Monsieur,
Nous sommes bien moins loin de la destination.
C’est parce que le soir semblait tomber trop vite
Qu’il nous a semblé bon de nous poser un peu
Et prendre quelques forces…
John :
— Non… désolé jeune homme
Mais votre Maison Bleue est vraiment loin encore
De votre souhait ce soir !
Tous sauf Yvane, Thérèse et John :
— La Maison Bleue ?
Oh…
Ah…
Jeanne à H.D :
— Vous la connaissez donc ?
Kate :
— Adossée à la colline.
On y vient à pieds !
Anne :
— Elle est ouverte à tous…
Oui… On ne frappe pas…
Vous y allez aussi ?
André :
— Ah… C’est trop rigolo…
Nous allons voir ensemble le vieil oncle Jean !
Jeanne [qui éclate de rire] :
— Oh… c’est formidable !
Yvane :
— Dites-moi c’est quoi cette histoire d’oncle Jean ?
Jeanne :
— Là, je crois qu’il faut vite
Que j’aille faire pipi !
[Elle sort par la porte des toilettes]
Scène 5
Ilan [à Yvane] :
— Tu ne vas pas à la Maison Bleue ?
Yvane :
— Oh non,
Non…
Pas forcément…
Pourquoi ?
Anne [à Ilan] :
— Tu la tutoies ?
Tu la connais ?
Cette fille ?
Qui est-elle ?
Yvane [regardant Ilan] :
— Oh mais !
Anne [à Ilan et Yvane] :
— Vous vous connaissez donc ?
Yvane :
— Là… c’est incroyable !
Retrouver un petit ami dans la montagne
Alors qu’il s’est perdu…
Anne [à Ilan] :
— C’est une de tes ex ?
Yvane :
— Il y a si longtemps !
Ah… Tu t’es affiné et tu as bien grandi,
Tout en prenant de l’âge.
Et cela te va mieux !
Oui, cela te va bien…
Tu es devenu plutôt beau gosse aujourd’hui !
Tu étais mini-man…
Anne [à Yvane] :
— Je suis avec Ilan depuis déjà trois ans !
Nous nous sommes même mariés l’été dernier…
Thérèse :
— Ne vous inquiétez pas pour votre joli couple,
Ma chérie aussi n’est pas non plus disponible.
Cependant comme nous nous promenons à deux,
Sans un projet précis à travers la montagne,
Il est vrai qu’un retour jusqu'à la Maison Bleue
Me semble très tentant.
Yvane :
— C’est vrai qu’une balade entre filles c’est bien.
Ah…
N’est-ce pas Thérèse !
Scène 6
[Revenant des toilettes]
Jeanne :
— Oh… vous êtes ensemble ?
C’est génial !
Je retourne au pipi !
Kate :
— C’est trop, trop… je te suis !
[Elle sort à la suite de Jeanne]
Scène 7
H.D :
— Nous allons en raconter au vieil oncle Jean !
Cette soirée improvisée a tout pour plaire.
Oh, les filles, j'insiste !
Venez donc avec nous.
Ce sera une semaine de folie en un lieu formidable,
Au cœur de la montagne !
John :
— Allez, on trinque tous…
À toutes ces rencontres
Et à vos retrouvailles,
Vous deux, les tourtereaux !
Anne [à Ilan] :
— Je ne vais pas passer la soirée et la nuit
Dans la promiscuité
De l’une de tes ex, que tu m’as bien cachée !
Ilan [à Anne] :
— Oh, c’était y’a plus de dix ans, j’étais ado.
Y'a prescription.
C’est sûr !
Et puis, tu as vu, elle est gouine maintenant !
H.D [qui a entendu… discrètement] :
— Il est plus délicat de parler de Lesbiennes.
André [discrètement aussi] :
— On dit aussi « goudous » !
Scène 8
[Rentrée de Kat et Jeanne]
Yvane [aux deux filles] :
— Eh…
C’est dans quel état ?
[CHANSONNETTE EN DUO DE JEANNE ET KAT
SUR LES WC]
[Kate]
Si vous avez connu
Des wc improbables,
Toilettes exiguës
Où pour fermer la porte
Faut se contorsionner
Les pieds sur la cuvette…
[Jeanne]
Si vous avez souffert
Dans des wc austères…
Sans aucune lumière
Et trop peu de papier…
[Kate]
Si un jour de cafard
Assis sur le trottoir
Vous avez regretté
Un lieu pour rejeter
À l’abri du public
Une cuite sévère
Après un dernier verre…
[Jeanne]
Si dans vos souvenirs
Restait ce grand trou noir
Sur un plateau de bois
Où chez l’arrière-grand-mère
En ce lieu de cauchemar
Souffrottaient vos viscères…
[Kate]
Si votre chance au jeu
De bien tirer la chasse
Ne s’avère une erreur…
À vous laisser pantois :
Un instant de terreur
Et voilà… c’est la douche !
[Jeanne et Kate]
Alors pour tout cela,
Les wc de ce lieu
Sont aussi mémorables…
Alors pour tout cela,
Les wc de ce lieu
Dans ce beau Chalet Bleu
Sont aussi mémorables…
SUR LES WC]
[Kate]
Si vous avez connu
Des wc improbables,
Toilettes exiguës
Où pour fermer la porte
Faut se contorsionner
Les pieds sur la cuvette…
[Jeanne]
Si vous avez souffert
Dans des wc austères…
Sans aucune lumière
Et trop peu de papier…
[Kate]
Si un jour de cafard
Assis sur le trottoir
Vous avez regretté
Un lieu pour rejeter
À l’abri du public
Une cuite sévère
Après un dernier verre…
[Jeanne]
Si dans vos souvenirs
Restait ce grand trou noir
Sur un plateau de bois
Où chez l’arrière-grand-mère
En ce lieu de cauchemar
Souffrottaient vos viscères…
[Kate]
Si votre chance au jeu
De bien tirer la chasse
Ne s’avère une erreur…
À vous laisser pantois :
Un instant de terreur
Et voilà… c’est la douche !
[Jeanne et Kate]
Alors pour tout cela,
Les wc de ce lieu
Sont aussi mémorables…
Alors pour tout cela,
Les wc de ce lieu
Dans ce beau Chalet Bleu
Sont aussi mémorables…
André :
— Okay les filles !
Après…
Je tenterai de bricoler la chasse d’eau
Dès que j’aurai fini d’aider pour le dîner.
Thérèse :
— Je viens me joindre à vous.
J’ai toujours plaisir à savoir ce que je mange !
Anne :
— On est gâtés ce soir :
Un bon Samaritain qui fait quelques émules !
John [à André et à Thérèse] :
— Merci beaucoup jeune homme,
Et à vous, gente dame.
Mais venez tout d’abord trinquer avec nous tous.
Jeanne [respirant l’alcool dans le verre] :
— Mais c’est très fort ce truc.
Moi qui ne prends jamais d’alcool, ou presque pas.
C’est impossible à boire !
Kate :
— C’est trop trop trop, pour moi, de même, c’est pareil.
Je préfère sentir
Et imaginer !
Hum…
Rien que l’odeur !
Cela me fait tourner…
La tête…
D’ailleurs…
Hum,
Hum…
Cela me rappelle…
Allons ?
C’était café de Flore
Oui… Avec BHL !
H.D chéri ?
Le goût ?
Oh !
Dis-le moi mon amour ?
Merveilleux n’est-ce pas ?
H.D :
— Un délice, certes.
Savourer un nectar
Dans un verre en cristal,
Trop mal assis sur un vieux tabouret branlant,
À mille kilomètres de la capitale.
C’est bouleversifiant
Aurait dit ce cher Daniel Toscan du Plantier…
Je vais prendre des notes !
[Il sort un petit carnet Moleskine® très classe et un stylo Montblanc®]
Anne [à Ilan] :
— Toi par contre, l’alcool,
Comme toujours, tu bois ça comme un remède ?
Ilan :
— Presque tous les médocs sont à base d’alcool.
Je crains l’effet secondaire des excipients…
Je préfère aller à l’origine des choses !
André :
— Très drôle…
J’apprécie !
Ilan :
— Hum…
C’est un goût que je connais, en fait.
Pourtant…
Je peux ?
[Il se ressert].
John :
— Avec plaisir.
C’est moi qui le distille.
J’ai la matière première de qualité…
Au village, en bas, pour réussir ces prouesses.
Ça met du baume au cœur
Parfois ça réveille les sens et ça restaure
La mémoire des souvenirs perdus.
Parfois…
H.D :
— Je n’ai jamais lu cela chez Freud cependant ?
André :
— Chez Lacan non plus, mais
Je n’ai pas vraiment encore achevé son œuvre…
Yvane [qui apporte un verre à Thérèse restée au coin cuisine] :
— Tiens Thérèse.
L’alcool commence à élever la discussion !
C’est bon ce soir ?
Anne :
— Freud avait opté plutôt pour la cocaïne…
N’est-ce pas ?
Mes souvenirs sont bons ?
H.D :
— Ne polémiquons pas…
J'ai des amis à Paris qui gèrent très bien
Leur addiction…
C’est sûr !
Thérèse :
— Ah…
Merci ma chérie.
Oui, tu seras contente,
Il y a des légumes…
Et pour la viande… non… ce n’est pas du cochon !
Kate :
— Ah… C’est heureux, je n’aime pas cela non plus…
Je n’en mange jamais…
Jeanne :
— C’est tout pareil pour moi…
Kate :
— Mais pour la cocaïne,
H.D, tu exagères
Et tu généralises…
C'est vrai, pour quelques-uns, mais pour les autres… non…
Certains sont pitoyables !
Ah…
Les fêtes à Paris nous entraînent souvent
Dans des routes bizarres !
André [toujours affairé côté cuisine, qui n’a pas touché à son verre] :
— Pour moi, j'ai la conviction qu'il y a plus sage
Comme méthode afin de se trouver soi-même.
Oui… Mais dites-nous donc…
Est-ce que, cher Monsieur, vous connaissez notre hôte ?
C’est à la Maison Bleue…
Y avez-vous déjà rencontré l’oncle Jean ?
John :
— Ah, qui ne connaît pas les si belles histoires
De l’oncle Jean, inséparable de sa pipe ?
[Il part s’installer dans son grand fauteuil, à côté de la cheminée… Il sort une pipe et l’allume].
[Tous se rapprochent, sauf Yvane, André et Thérèse qui restent côté cuisine].
Ilan :
— Oui, John, racontez-nous le bon vieux à la pipe…
C’est un sacré fêtard !
Anne [à Ilan] :
— Oh… tu l’as déjà vu ?
Tous ceux autour de John [à Anne] :
— Chut…
Kate :
— Alors, allez-vous nous conter cette rencontre ?
[Les lumières se baissent et centralisation par spots sur John]
[Musique tout le long du texte de John]
John :
— C’est le 13 avril 1943.
Nous sommes un mardi…
La guerre sévit aussi en Afrique du Nord.
Voici notre héros :
Le beau Lieutenant Olam Salomon PIEKKER.
Il est de nationalité américaine
Par naturalisation, Français par son père…
Et de tradition juive
Par sa mère — immigrée il y a peu de Pologne —
Il semble être au service
De sa Majesté, Notre Reine d’Angleterre.
Mais c’est un agent triple
Des services secrets français, des résistants
Luttant aussi contre l’envahisseur nazi
Sur ces terres coloniales.
Olam est très lié d’une amitié sincère
À cet agent britannique, du MI.6,
Un descendant de nobles familles quakers…
Ils œuvrent tous deux ensemble
Pour préparer l’expatriation d’enfants juifs
En danger…
En Afrique…
Sa mission ce jour-là…
Jeanne :
— Pardonnez-moi Monsieur…
C’est une formidable histoire à écouter
Pour plus tard : votre rencontre avec l’oncle Jean
Doit être passionnante.
Cependant, à cette heure, nous serions davantage
Attentifs à savoir qui est ce bon Monsieur
Dont nous ne savons que le prénom et le lieu,
Afin de trouver vite une route et le voir !
H.D :
— Oui.
Enfin…
Il est vrai que c’est assez bizarre.
Nous allons tous à un étrange rendez-vous…
Nous sommes invités par quelqu’un que personne
D’entre nous n’a peut-être jamais croisé.
Pour Kate et moi, d’ailleurs nous n’en avions jamais
Entendu parler, il y a encore un mois…
Avant d’être invités à ce séjour de rêve !
Kate :
— Absolument…
C’est juste !
Nous avons quitté Paris depuis hier soir…
Rocambolesque histoire, pour être dans ce lieu
À boire quelques verres
Près d'une cheminée
Avec des inconnus.
Prélude à l’aventure !
Jeanne :
— Surprenant en effet.
Pour nous aussi le doute.
Faut-il prendre la route ?
Ah, ah…
Nous n'avons pas eu trop à réfléchir…
Pourtant ce n’était pas vraiment dans ma nature
D’aller à l’aventure…
C'était original…
Oui… la proposition était si alléchante.
Qui donc aurait dit non ?
Anne :
— Alors là, je m’inquiète.
Pourquoi nous retrouver une semaine avec vous ?
Qu'est-ce qui nous rapproche…
Personne ne se connaît semble-t-il en ce lieu…
Si ce n’est mon chéri et cette demoiselle.
Yvane :
— En effet !
Ilan :
— Zen…
Nous sommes partis
Marcher dans la montagne…
Pour faire la fête,
Ma chère.
Nous sommes sûrement des cousins éloignés !
L’oncle Jean a souhaité
Réunir sa famille afin de nous offrir
Une belle rencontre…
Écouter ses histoires.
Il y a peut-être un héritage à la clé ?
Anne :
— L’histoire des Trois Frères…
Avec les Inconnus,
Hélas, cela ne s’écrit que pour le ciné…
Quelle étrange théâtre donnons-nous ce soir !
André :
— Ah, qui saurait prouver que son père est son père !
H.D :
— Voilà Oby-Wan qui rejoue un épisode
De la Guerre des Étoiles…
Attention, Dark Wador… Toc, toc… frappe à la porte !
Kate :
— Sonne, sonne, Hervé David sonne, à la porte…
Ici on ne frappe pas !
[Rires de tous]
Yvane [se rapprochant d’Ilan] :
— Souvenirs, souvenirs ?
Tu es « Ilan », je pense !
Thérèse [qui revient vers le groupe] :
— Tu connais donc ce beau jeune homme, ma chérie ?
André :
— Ilan, Ilan, ce n'est pas commun ce prénom…
Kate :
— C'est de l’hébreux je pense…
H.D :
— Ce n’est pas religieux.
Ilan :
— Oui, cela veut dire "arbre".
John :
— C’est "le petit arbre" pour être plus précis.
Anne :
— Oh… mon chéri chéri…
Kate :
— Comme c'est trop mignon.
Ilan :
— Oui, bon ça va les filles !
Eh ! J’ai passé l’âge d’être pris pour un gland…
H.D :
— C’est comme pour Ed Wood…
Car d’un modeste gland doit jaillir un grand chêne !
André :
— Magnifique métaphore… je prends la note !
Ilan [reprenant un verre après avoir fini cul-sec le précédent] :
— Je ne sais plus vraiment si je dois apprécier…
Et toi, tu es Yvane ?
Ah… Yvane !
Yvane :
— Oui…
C’est sûr.
Nous nous sommes croisés voici quelques années !
H.D :
— Ah, mais… cela change complètement la donne.
Nous jouons maintenant la Comédie Humaine !
Si vous vous connaissez, écoutons votre histoire…
[Le groupe se reforme autour d'Yvane et Ilan].
Anne :
— Croisés ou connus ?
Kate :
— Oh…
André :
— Connus « bibliquement » ?
Anne [à Ilan] :
— Bon.
Dis…
Tu as couché avec elle ?
Oui ou non ?
Ilan :
— Oh… n’exagérons rien.
C’était il y a bien longtemps, j’avais quinze ans !
Yvane :
— Nous étions à peine pubères !
Et plutôt pudiques…
Ilan :
— Et même bien frustrés !
André :
— On peut donc analyser un léger retard…
Pour la croissance, Et un mal-être reconnu…
Démontrant une réelle maturité
Pour le psychologique !
H.D :
— J’adore ces histoires…
Kate :
— Comme c’est trop mignon.
Jeanne :
— Ça va me faire pleurer.
Anne :
— Désolé Monsieur John de cette désertion
Pour vos belles histoires.
Cette fois encore,
Cela change la donne…
J’aimerais moi aussi en savoir un peu plus
Des amours adolescentes de mon chéri.
John :
— Faites…
Oui…
Je vous en prie !
L’on semble préférer mes boissons à mes contes.
Je sers un autre bijou de ma collection ?
Thérèse :
— Je retourne à ma cuisine, l'oreille alerte !
André :
— Alors, Monsieur Ilan ?
Ilan :
— C'était dans une station de ski très sympa,
Au cœur des Hautes Alpes.
H.D :
— À Courch…
Jeanne :
— Courch ?
Yvane :
— Pas vraiment Courchevel…
À Orcières-Merlettes !
Kate :
— Ça existe ?
H.D n’en a jamais parlé !
Ilan :
— Bonne mémoire, Yvane !
Oui, nous nous y sommes rencontrés… en effet…
Deux groupes d’ados faisant un stage en montagne.
Ce n’était pas facile
C’était de la compète.
Elle était habillée…
Comme un garçon manqué.
Yvane :
— C’est bien vrai.
Jeanne [à Ilan] :
— Oh, tu vois…
Déjà… là… à l’époque…
H.D [Qui écoutait] :
— Cela ne veut rien dire.
Moi, voyez-vous, j’ai des amis très féminins.
Eh bien, ils sont tous totalement hétéros !
Alors que je connais un garçon très très beau
Et fort masculin… viril si vous préférez,
Et… et, il…
Kate :
— C’est bon, mon cher trésor.
Tout le monde a compris.
S’il te plaît, laisse-nous découvrir cette idylle
Ce magnifique flirt.
Oh, j’adore écouter
Les histoires d’amour…
Jeanne :
— Qui finissent bien ?
Yvane :
— Ah,
Il était comme moi super mignon.
J’avais les cheveux courts,
Tous deux de même taille
Pas très grands pour l’époque,
Et le plus drôle en fait :
Je portais exactement la même combi.
Enfin, comme nos prénoms se ressemblaient fort,
Beaucoup de jeunes nous confondaient dans le groupe.
Ilan :
— Je me souviens de tout comme si c'était hier.
Je ne sais pas pourquoi,
Dans la neige, au soleil ça a été le flash.
Comme si je l’avais toujours connue…
Yvane…
La semaine de rêve.
Je voulais être le meilleur, rien que pour elle.
Nous parlions déjà de l’avenir et… et…
Anne :
— Et puis ?
Ilan :
— Le jour de la compète, elle avait disparu.
Nous devions confirmer nos adresses ce jour.
Un mauvais numéro…
Comme je ne connaissais même pas son nom,
Je ne savais rien d’elle,
Plus aucune nouvelle…
Jusqu’à ce soir, ici !
Jeanne :
— C’est une belle histoire.
Un peu triste, mais chouette.
J’avais peur que ce soit en fait un peu salace,
Alors que c’est un vrai conte pour les enfants !
Moi aussi je skie en hiver, avec André,
Mon cœur, mais nous allons dans des coins très paumés.
Anne :
— Oh, mon chéri d’amour.
[Elle se jette dans les bras d'Ilan].
Et moi qui craignais un instant la tromperie !
L'adultère avant l'heure…
L'angoisse, la tristesse, la peur me gagnait
De ne pas avoir épousé en vérité
Ce gentil puceau que j’adore : un grand garçon
Que tu es devenu…
Aimable, beau, fidèle,
Riche et intelligent !
Ilan :
— Ajoute aussi « couillu »,
Sinon je risquerai de me vexer encore.
Va-t-il falloir alors que je montre au plus vite
Des preuves tangibles de ma virilité ?
Anne :
— Oh, mon chéri, ce n’est peut-être pas le lieu
Ni le moment… ni le public… pour proposer
Une danse du slip !
André :
— Le modeste gland est devenu un grand chêne !
[Rires]
Yvane :
— C’est un bel hommage à l’amour, Anne et Ilan.
Vous formez un joli couple… Y’a pas de doute.
N’ayons pas de regret sur cet amour ado.
Je suis moi-même aussi
Heureuse dans ma vie !
André :
— Pas même une petite frustration ?
Étrange…
C’est peu commun !
Je note…
Dites-moi cependant
Sans trop être indiscret
Pourquoi partir si vite, et sans laisser d’adresse
À votre amour transi ?
H.D :
— L’histoire d’une vie !
Une lettre perdue…
Une autre destinée…
Un numéro inscrit sur un mouchoir s’oublie,
La paume d’une main où des lettres s’effacent…
C’est étrange !
Ah, l’amour !
Yvane :
— Ce fut un simple concours de circonstances.
Mon cher père est anglais.
Un rendez-vous urgent
Il est parti pour Londres.
J’ai dû l’accompagner.
Je n’ai pas réussi à retrouver Ilan,
N’ayant que son prénom…
Et un début d’adresse…
Thérèse :
— Voilà comment se brise une passion naissante.
André [à H.D] :
— Donc en raison d'une rupture dramatique
Au moment de l’adolescence elle a choisi…
H.D :
— Simplement ?
Vous pensez ?
André :
— J'en ai bien peur, hélas.
[à Yvane]
Est-ce alors une explication psychologique
Suffisant à comprendre votre choix de vie ?
Yvane [surprise] :
— Pardon ?
André :
— Oui…
Vous avez décidé en réaction consciente,
De choisir une personne… d’un certain âge…
Pour former… votre couple…
Yvane [semblant vraiment très surprise de la question d’André] :
— Mon couple avec ?
[Se tournant vers Thérèse que l'on voit juste de dos. Se reprenant et plus détendue]
Ah oui !!!
Pardon.
Oups…
Mais c’est…
Thérèse [lui coupant net la parole] :
— Laisse, ma chérie…
Laisse…
Jeanne :
— André,
Vraiment tu exagères !
C’est insupportable de vouloir tout comprendre
Et expliquer ce qui ne nous regarde pas…
André :
— Vous me voyez confus.
H.D :
— Mes excuses aussi.
Je me suis emporté.
Désolé.
Cette investigation n’est peut-être pas
Du meilleur goût ce soir.
Ma prédisposition est assez intrusive !
Oublions nos propos…
Je préférerais juste savoir cependant,
S’il vous plaît — toute curiosité écartée —
Le job de votre père ?
Yvane :
— Ah, mon cher père ?
… [Silence]
Eh bien…
Il écrit !
André :
— Il écrit ?
Mais quoi donc, s’il vous plaît ?
Si je puis demander sans être la victime
D’autres répressions de la gente féminine.
Jeanne :
— Oh, pardon mon cœur, c’était pour te protéger !
Yvane :
— C’est bon.
Surtout du psy…
Il n'y a pas de grands mystères dans tout ça.
Kate :
— Mais cela m’intéresse…
Figurez-vous que mon chéri d’amour est psy
Tout comme l’est mon père !
Jeanne :
— Oh !
Passionnant !
Votre père est psychanalyste ?
Kate :
— Non.
Mon excellent père
Est un très bon psychiatre.
Oui,
C’est un vrai médecin
Diplômé spécialiste.
Grand professeur à la faculté de Paris.
H.D :
— L’analyste, c’est moi !
Le philosophe.
Ah, ah…
Je suis docteur, mais pas médecin
C’est ainsi !
Kate :
— Même pas psychologue.
C’est un passionné de Freud et de ses disciples,
Avec un faible notable pour Ferenczi…
H.D :
— Je suis Hervé David,
Simplement les amis me prénomment H.D.
Kate :
— Oui.
Et moi, c’est Katty,
Mais l’on m’appelle Kate !
J’ai connu mon chéri
J’étais alors en pleine dépression…
Perdue…
Il m’a sauvé la vie…
Sans mes médicaments !
André :
— C’est extraordinaire.
Quelle coïncidence…
Je suis moi-même devenu psychanalyste,
Et j’ai eu un professeur qui a eu Lacan
Pour analyste en vrai !
Jeanne :
— André est psychologue…
Et fait son doctorat…
Spécialiste de Lacan…
Et il m’a sauvé…
Anne :
— Lacan ?
Ilan [Un peu gai] :
— Ah, ah… très bon !
Jeanne :
— Non !
C’est mon cœur.
André…
Le héros diplômé !
J’ai vu des vaches dans un pré,
Avec des cloches,
C’était trop trop mignon.
André :
— J’n'ai pas fini ma thèse…
Pour les vaches… elle leur donnait plein de bisous.
J’ai commencé à avoir peur pour elle lorsque
Le taureau a fait mine de se fâcher grave !
Ilan :
— Excellent.
J’adore…
C’est trop fort !
Anne :
— Ah…
Ce que tu bois ?
Ilan ?
John :
— Eh-oh la compagnie…
Je pense qu’il est grand temps de passer à table,
Nous poursuivrons ces découvertes en dînant…
Thérèse :
— Oui.
Venez vous asseoir !
H.D [à Kate] :
— Allons-y gaiement, Kate.
Ilan :
— Après toi Yvane.
Mais il faut que tu m’expliques.
Anne :
— Je suis là…
Oh !
Mon amour ?
Ilan ?
[Tous se dirigent vers la cuisine pour rejoindre la salle à manger]
— Okay les filles !
Après…
Je tenterai de bricoler la chasse d’eau
Dès que j’aurai fini d’aider pour le dîner.
Thérèse :
— Je viens me joindre à vous.
J’ai toujours plaisir à savoir ce que je mange !
Anne :
— On est gâtés ce soir :
Un bon Samaritain qui fait quelques émules !
John [à André et à Thérèse] :
— Merci beaucoup jeune homme,
Et à vous, gente dame.
Mais venez tout d’abord trinquer avec nous tous.
Jeanne [respirant l’alcool dans le verre] :
— Mais c’est très fort ce truc.
Moi qui ne prends jamais d’alcool, ou presque pas.
C’est impossible à boire !
Kate :
— C’est trop trop trop, pour moi, de même, c’est pareil.
Je préfère sentir
Et imaginer !
Hum…
Rien que l’odeur !
Cela me fait tourner…
La tête…
D’ailleurs…
Hum,
Hum…
Cela me rappelle…
Allons ?
C’était café de Flore
Oui… Avec BHL !
H.D chéri ?
Le goût ?
Oh !
Dis-le moi mon amour ?
Merveilleux n’est-ce pas ?
H.D :
— Un délice, certes.
Savourer un nectar
Dans un verre en cristal,
Trop mal assis sur un vieux tabouret branlant,
À mille kilomètres de la capitale.
C’est bouleversifiant
Aurait dit ce cher Daniel Toscan du Plantier…
Je vais prendre des notes !
[Il sort un petit carnet Moleskine® très classe et un stylo Montblanc®]
Anne [à Ilan] :
— Toi par contre, l’alcool,
Comme toujours, tu bois ça comme un remède ?
Ilan :
— Presque tous les médocs sont à base d’alcool.
Je crains l’effet secondaire des excipients…
Je préfère aller à l’origine des choses !
André :
— Très drôle…
J’apprécie !
Ilan :
— Hum…
C’est un goût que je connais, en fait.
Pourtant…
Je peux ?
[Il se ressert].
John :
— Avec plaisir.
C’est moi qui le distille.
J’ai la matière première de qualité…
Au village, en bas, pour réussir ces prouesses.
Ça met du baume au cœur
Parfois ça réveille les sens et ça restaure
La mémoire des souvenirs perdus.
Parfois…
H.D :
— Je n’ai jamais lu cela chez Freud cependant ?
André :
— Chez Lacan non plus, mais
Je n’ai pas vraiment encore achevé son œuvre…
Yvane [qui apporte un verre à Thérèse restée au coin cuisine] :
— Tiens Thérèse.
L’alcool commence à élever la discussion !
C’est bon ce soir ?
Anne :
— Freud avait opté plutôt pour la cocaïne…
N’est-ce pas ?
Mes souvenirs sont bons ?
H.D :
— Ne polémiquons pas…
J'ai des amis à Paris qui gèrent très bien
Leur addiction…
C’est sûr !
Thérèse :
— Ah…
Merci ma chérie.
Oui, tu seras contente,
Il y a des légumes…
Et pour la viande… non… ce n’est pas du cochon !
Kate :
— Ah… C’est heureux, je n’aime pas cela non plus…
Je n’en mange jamais…
Jeanne :
— C’est tout pareil pour moi…
Kate :
— Mais pour la cocaïne,
H.D, tu exagères
Et tu généralises…
C'est vrai, pour quelques-uns, mais pour les autres… non…
Certains sont pitoyables !
Ah…
Les fêtes à Paris nous entraînent souvent
Dans des routes bizarres !
André [toujours affairé côté cuisine, qui n’a pas touché à son verre] :
— Pour moi, j'ai la conviction qu'il y a plus sage
Comme méthode afin de se trouver soi-même.
Oui… Mais dites-nous donc…
Est-ce que, cher Monsieur, vous connaissez notre hôte ?
C’est à la Maison Bleue…
Y avez-vous déjà rencontré l’oncle Jean ?
John :
— Ah, qui ne connaît pas les si belles histoires
De l’oncle Jean, inséparable de sa pipe ?
[Il part s’installer dans son grand fauteuil, à côté de la cheminée… Il sort une pipe et l’allume].
[Tous se rapprochent, sauf Yvane, André et Thérèse qui restent côté cuisine].
Ilan :
— Oui, John, racontez-nous le bon vieux à la pipe…
C’est un sacré fêtard !
Anne [à Ilan] :
— Oh… tu l’as déjà vu ?
Tous ceux autour de John [à Anne] :
— Chut…
Kate :
— Alors, allez-vous nous conter cette rencontre ?
[Les lumières se baissent et centralisation par spots sur John]
[Musique tout le long du texte de John]
John :
— C’est le 13 avril 1943.
Nous sommes un mardi…
La guerre sévit aussi en Afrique du Nord.
Voici notre héros :
Le beau Lieutenant Olam Salomon PIEKKER.
Il est de nationalité américaine
Par naturalisation, Français par son père…
Et de tradition juive
Par sa mère — immigrée il y a peu de Pologne —
Il semble être au service
De sa Majesté, Notre Reine d’Angleterre.
Mais c’est un agent triple
Des services secrets français, des résistants
Luttant aussi contre l’envahisseur nazi
Sur ces terres coloniales.
Olam est très lié d’une amitié sincère
À cet agent britannique, du MI.6,
Un descendant de nobles familles quakers…
Ils œuvrent tous deux ensemble
Pour préparer l’expatriation d’enfants juifs
En danger…
En Afrique…
Sa mission ce jour-là…
Jeanne :
— Pardonnez-moi Monsieur…
C’est une formidable histoire à écouter
Pour plus tard : votre rencontre avec l’oncle Jean
Doit être passionnante.
Cependant, à cette heure, nous serions davantage
Attentifs à savoir qui est ce bon Monsieur
Dont nous ne savons que le prénom et le lieu,
Afin de trouver vite une route et le voir !
H.D :
— Oui.
Enfin…
Il est vrai que c’est assez bizarre.
Nous allons tous à un étrange rendez-vous…
Nous sommes invités par quelqu’un que personne
D’entre nous n’a peut-être jamais croisé.
Pour Kate et moi, d’ailleurs nous n’en avions jamais
Entendu parler, il y a encore un mois…
Avant d’être invités à ce séjour de rêve !
Kate :
— Absolument…
C’est juste !
Nous avons quitté Paris depuis hier soir…
Rocambolesque histoire, pour être dans ce lieu
À boire quelques verres
Près d'une cheminée
Avec des inconnus.
Prélude à l’aventure !
Jeanne :
— Surprenant en effet.
Pour nous aussi le doute.
Faut-il prendre la route ?
Ah, ah…
Nous n'avons pas eu trop à réfléchir…
Pourtant ce n’était pas vraiment dans ma nature
D’aller à l’aventure…
C'était original…
Oui… la proposition était si alléchante.
Qui donc aurait dit non ?
Anne :
— Alors là, je m’inquiète.
Pourquoi nous retrouver une semaine avec vous ?
Qu'est-ce qui nous rapproche…
Personne ne se connaît semble-t-il en ce lieu…
Si ce n’est mon chéri et cette demoiselle.
Yvane :
— En effet !
Ilan :
— Zen…
Nous sommes partis
Marcher dans la montagne…
Pour faire la fête,
Ma chère.
Nous sommes sûrement des cousins éloignés !
L’oncle Jean a souhaité
Réunir sa famille afin de nous offrir
Une belle rencontre…
Écouter ses histoires.
Il y a peut-être un héritage à la clé ?
Anne :
— L’histoire des Trois Frères…
Avec les Inconnus,
Hélas, cela ne s’écrit que pour le ciné…
Quelle étrange théâtre donnons-nous ce soir !
André :
— Ah, qui saurait prouver que son père est son père !
H.D :
— Voilà Oby-Wan qui rejoue un épisode
De la Guerre des Étoiles…
Attention, Dark Wador… Toc, toc… frappe à la porte !
Kate :
— Sonne, sonne, Hervé David sonne, à la porte…
Ici on ne frappe pas !
[Rires de tous]
Yvane [se rapprochant d’Ilan] :
— Souvenirs, souvenirs ?
Tu es « Ilan », je pense !
Thérèse [qui revient vers le groupe] :
— Tu connais donc ce beau jeune homme, ma chérie ?
André :
— Ilan, Ilan, ce n'est pas commun ce prénom…
Kate :
— C'est de l’hébreux je pense…
H.D :
— Ce n’est pas religieux.
Ilan :
— Oui, cela veut dire "arbre".
John :
— C’est "le petit arbre" pour être plus précis.
Anne :
— Oh… mon chéri chéri…
Kate :
— Comme c'est trop mignon.
Ilan :
— Oui, bon ça va les filles !
Eh ! J’ai passé l’âge d’être pris pour un gland…
H.D :
— C’est comme pour Ed Wood…
Car d’un modeste gland doit jaillir un grand chêne !
André :
— Magnifique métaphore… je prends la note !
Ilan [reprenant un verre après avoir fini cul-sec le précédent] :
— Je ne sais plus vraiment si je dois apprécier…
Et toi, tu es Yvane ?
Ah… Yvane !
Yvane :
— Oui…
C’est sûr.
Nous nous sommes croisés voici quelques années !
H.D :
— Ah, mais… cela change complètement la donne.
Nous jouons maintenant la Comédie Humaine !
Si vous vous connaissez, écoutons votre histoire…
[Le groupe se reforme autour d'Yvane et Ilan].
Anne :
— Croisés ou connus ?
Kate :
— Oh…
André :
— Connus « bibliquement » ?
Anne [à Ilan] :
— Bon.
Dis…
Tu as couché avec elle ?
Oui ou non ?
Ilan :
— Oh… n’exagérons rien.
C’était il y a bien longtemps, j’avais quinze ans !
Yvane :
— Nous étions à peine pubères !
Et plutôt pudiques…
Ilan :
— Et même bien frustrés !
André :
— On peut donc analyser un léger retard…
Pour la croissance, Et un mal-être reconnu…
Démontrant une réelle maturité
Pour le psychologique !
H.D :
— J’adore ces histoires…
Kate :
— Comme c’est trop mignon.
Jeanne :
— Ça va me faire pleurer.
Anne :
— Désolé Monsieur John de cette désertion
Pour vos belles histoires.
Cette fois encore,
Cela change la donne…
J’aimerais moi aussi en savoir un peu plus
Des amours adolescentes de mon chéri.
John :
— Faites…
Oui…
Je vous en prie !
L’on semble préférer mes boissons à mes contes.
Je sers un autre bijou de ma collection ?
Thérèse :
— Je retourne à ma cuisine, l'oreille alerte !
André :
— Alors, Monsieur Ilan ?
Ilan :
— C'était dans une station de ski très sympa,
Au cœur des Hautes Alpes.
H.D :
— À Courch…
Jeanne :
— Courch ?
Yvane :
— Pas vraiment Courchevel…
À Orcières-Merlettes !
Kate :
— Ça existe ?
H.D n’en a jamais parlé !
Ilan :
— Bonne mémoire, Yvane !
Oui, nous nous y sommes rencontrés… en effet…
Deux groupes d’ados faisant un stage en montagne.
Ce n’était pas facile
C’était de la compète.
Elle était habillée…
Comme un garçon manqué.
Yvane :
— C’est bien vrai.
Jeanne [à Ilan] :
— Oh, tu vois…
Déjà… là… à l’époque…
H.D [Qui écoutait] :
— Cela ne veut rien dire.
Moi, voyez-vous, j’ai des amis très féminins.
Eh bien, ils sont tous totalement hétéros !
Alors que je connais un garçon très très beau
Et fort masculin… viril si vous préférez,
Et… et, il…
Kate :
— C’est bon, mon cher trésor.
Tout le monde a compris.
S’il te plaît, laisse-nous découvrir cette idylle
Ce magnifique flirt.
Oh, j’adore écouter
Les histoires d’amour…
Jeanne :
— Qui finissent bien ?
Yvane :
— Ah,
Il était comme moi super mignon.
J’avais les cheveux courts,
Tous deux de même taille
Pas très grands pour l’époque,
Et le plus drôle en fait :
Je portais exactement la même combi.
Enfin, comme nos prénoms se ressemblaient fort,
Beaucoup de jeunes nous confondaient dans le groupe.
Ilan :
— Je me souviens de tout comme si c'était hier.
Je ne sais pas pourquoi,
Dans la neige, au soleil ça a été le flash.
Comme si je l’avais toujours connue…
Yvane…
La semaine de rêve.
Je voulais être le meilleur, rien que pour elle.
Nous parlions déjà de l’avenir et… et…
Anne :
— Et puis ?
Ilan :
— Le jour de la compète, elle avait disparu.
Nous devions confirmer nos adresses ce jour.
Un mauvais numéro…
Comme je ne connaissais même pas son nom,
Je ne savais rien d’elle,
Plus aucune nouvelle…
Jusqu’à ce soir, ici !
Jeanne :
— C’est une belle histoire.
Un peu triste, mais chouette.
J’avais peur que ce soit en fait un peu salace,
Alors que c’est un vrai conte pour les enfants !
Moi aussi je skie en hiver, avec André,
Mon cœur, mais nous allons dans des coins très paumés.
Anne :
— Oh, mon chéri d’amour.
[Elle se jette dans les bras d'Ilan].
Et moi qui craignais un instant la tromperie !
L'adultère avant l'heure…
L'angoisse, la tristesse, la peur me gagnait
De ne pas avoir épousé en vérité
Ce gentil puceau que j’adore : un grand garçon
Que tu es devenu…
Aimable, beau, fidèle,
Riche et intelligent !
Ilan :
— Ajoute aussi « couillu »,
Sinon je risquerai de me vexer encore.
Va-t-il falloir alors que je montre au plus vite
Des preuves tangibles de ma virilité ?
Anne :
— Oh, mon chéri, ce n’est peut-être pas le lieu
Ni le moment… ni le public… pour proposer
Une danse du slip !
André :
— Le modeste gland est devenu un grand chêne !
[Rires]
Yvane :
— C’est un bel hommage à l’amour, Anne et Ilan.
Vous formez un joli couple… Y’a pas de doute.
N’ayons pas de regret sur cet amour ado.
Je suis moi-même aussi
Heureuse dans ma vie !
André :
— Pas même une petite frustration ?
Étrange…
C’est peu commun !
Je note…
Dites-moi cependant
Sans trop être indiscret
Pourquoi partir si vite, et sans laisser d’adresse
À votre amour transi ?
H.D :
— L’histoire d’une vie !
Une lettre perdue…
Une autre destinée…
Un numéro inscrit sur un mouchoir s’oublie,
La paume d’une main où des lettres s’effacent…
C’est étrange !
Ah, l’amour !
Yvane :
— Ce fut un simple concours de circonstances.
Mon cher père est anglais.
Un rendez-vous urgent
Il est parti pour Londres.
J’ai dû l’accompagner.
Je n’ai pas réussi à retrouver Ilan,
N’ayant que son prénom…
Et un début d’adresse…
Thérèse :
— Voilà comment se brise une passion naissante.
André [à H.D] :
— Donc en raison d'une rupture dramatique
Au moment de l’adolescence elle a choisi…
H.D :
— Simplement ?
Vous pensez ?
André :
— J'en ai bien peur, hélas.
[à Yvane]
Est-ce alors une explication psychologique
Suffisant à comprendre votre choix de vie ?
Yvane [surprise] :
— Pardon ?
André :
— Oui…
Vous avez décidé en réaction consciente,
De choisir une personne… d’un certain âge…
Pour former… votre couple…
Yvane [semblant vraiment très surprise de la question d’André] :
— Mon couple avec ?
[Se tournant vers Thérèse que l'on voit juste de dos. Se reprenant et plus détendue]
Ah oui !!!
Pardon.
Oups…
Mais c’est…
Thérèse [lui coupant net la parole] :
— Laisse, ma chérie…
Laisse…
Jeanne :
— André,
Vraiment tu exagères !
C’est insupportable de vouloir tout comprendre
Et expliquer ce qui ne nous regarde pas…
André :
— Vous me voyez confus.
H.D :
— Mes excuses aussi.
Je me suis emporté.
Désolé.
Cette investigation n’est peut-être pas
Du meilleur goût ce soir.
Ma prédisposition est assez intrusive !
Oublions nos propos…
Je préférerais juste savoir cependant,
S’il vous plaît — toute curiosité écartée —
Le job de votre père ?
Yvane :
— Ah, mon cher père ?
… [Silence]
Eh bien…
Il écrit !
André :
— Il écrit ?
Mais quoi donc, s’il vous plaît ?
Si je puis demander sans être la victime
D’autres répressions de la gente féminine.
Jeanne :
— Oh, pardon mon cœur, c’était pour te protéger !
Yvane :
— C’est bon.
Surtout du psy…
Il n'y a pas de grands mystères dans tout ça.
Kate :
— Mais cela m’intéresse…
Figurez-vous que mon chéri d’amour est psy
Tout comme l’est mon père !
Jeanne :
— Oh !
Passionnant !
Votre père est psychanalyste ?
Kate :
— Non.
Mon excellent père
Est un très bon psychiatre.
Oui,
C’est un vrai médecin
Diplômé spécialiste.
Grand professeur à la faculté de Paris.
H.D :
— L’analyste, c’est moi !
Le philosophe.
Ah, ah…
Je suis docteur, mais pas médecin
C’est ainsi !
Kate :
— Même pas psychologue.
C’est un passionné de Freud et de ses disciples,
Avec un faible notable pour Ferenczi…
H.D :
— Je suis Hervé David,
Simplement les amis me prénomment H.D.
Kate :
— Oui.
Et moi, c’est Katty,
Mais l’on m’appelle Kate !
J’ai connu mon chéri
J’étais alors en pleine dépression…
Perdue…
Il m’a sauvé la vie…
Sans mes médicaments !
André :
— C’est extraordinaire.
Quelle coïncidence…
Je suis moi-même devenu psychanalyste,
Et j’ai eu un professeur qui a eu Lacan
Pour analyste en vrai !
Jeanne :
— André est psychologue…
Et fait son doctorat…
Spécialiste de Lacan…
Et il m’a sauvé…
Anne :
— Lacan ?
Ilan [Un peu gai] :
— Ah, ah… très bon !
Jeanne :
— Non !
C’est mon cœur.
André…
Le héros diplômé !
J’ai vu des vaches dans un pré,
Avec des cloches,
C’était trop trop mignon.
André :
— J’n'ai pas fini ma thèse…
Pour les vaches… elle leur donnait plein de bisous.
J’ai commencé à avoir peur pour elle lorsque
Le taureau a fait mine de se fâcher grave !
Ilan :
— Excellent.
J’adore…
C’est trop fort !
Anne :
— Ah…
Ce que tu bois ?
Ilan ?
John :
— Eh-oh la compagnie…
Je pense qu’il est grand temps de passer à table,
Nous poursuivrons ces découvertes en dînant…
Thérèse :
— Oui.
Venez vous asseoir !
H.D [à Kate] :
— Allons-y gaiement, Kate.
Ilan :
— Après toi Yvane.
Mais il faut que tu m’expliques.
Anne :
— Je suis là…
Oh !
Mon amour ?
Ilan ?
[Tous se dirigent vers la cuisine pour rejoindre la salle à manger]
Le rideau se ferme…
Fin du premier acte.
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Version 2016 !
Par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, pirate des mots et philanalyste en herbe. Tous droits réservés ©.
Auteur : Yves Philippe de Francqueville