Une promenade socratique avec Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, philanalyste et pirate des mots…
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Les hommes sont mortels…
Il y a ceux qui transmettent ; je suis de ceux qui créent.
L'arbre en son heure, donne branches ou fruits…
Il se meurt à n'être que branche.
Il mourra un jour.
Il vit lorsque le fruit naît, se propage, se transmet… lorsque le fruit rencontre l'autre.
Le fruit semble représenter davantage la réalité de la naissance : la branche est une fuite de la réalité mortelle qui inquiète l'homme… qui mine la femme !
La femme en procréant enfante la mort.
Le souci dans ce jaillissement particulier limite la femme dans son état de mère : elle perd ce souci créateur par la blessure procréatrice, trop difficile réalité à saisir par le fait d'être porteuse de la mortalité de l'homme.
Socrate donne naissance aux mots comme on le dit de sa mère, sage femme des hommes : il est sage homme du verbe[1].
Le christianisme, par le biais d’Augustin d’Hippone[2] -- Saint Augustin — place le héraut de l’œuvre de Platon comme préfigure d’un messie : le verbe fait chair…
À l’image de ce jeu des certitudes, il est amusant de se pencher quelques instants sur les racines de ce personnage central du christianisme actuel. Regardons avec plaisir ce Père de L’Église si bien intégré dans notre Europe. Il est Africain du nord. Un natif des terres qui ont donné l’Algérie d’aujourd’hui, bien avant que la vague de l’Islam ne les submerge.
Dans sa jeunesse, il était — selon ses propres mémoires — un mauvais bougre, voleur, menteur et tricheur, qui avait des rêves d’avocat pour une grande carrière… Curieux et ambitieux mais craintif dans sa gestion du « bien et du mal », obsédé par la peur de devoir un jour ou l’autre « payer ses fautes », il se penche vers la religion manichéistes. Pourtant, cela n’est pas en accord avec le grand fornicateur qu’il est dans sa vie d’homme. La rencontre avec quelques puissants du christianisme montant, et la pression incessante de sa Sainte mère issue des tous premiers Chrétiens berbères (ceux qui n’en finissent pas d’être exterminés — un génocide oublié ? — par les islamistes toujours au pouvoir en Algérie) en fait bientôt un converti radical que l’on pourrait qualifier d’extrémiste. C’est tout de même un peu sur le tard… peut-être lorsque son corps avait certainement perdu de sa vigueur.
Saint-Augustin, destructeur de pensées messianiques, de ce "Jésus de Nazareth"…
Notre futur Saint devient alors un pourfendeur des plaisirs de la chaire, qu’il avait cependant fort apprécié.
Augustin s’est plu donc, à composer — avec tout un jeu habile de similitudes — l'existence de son dieu comme un fait acquis.
Augustin est finalement procréateur du Christianisme !
Venons-nous d’entrapercevoir enfin la sublimation de l'être humain si chère à Sigmund FREUD ?
Se composer procréateur tout en se croyant créateur ?
En s'arrêtant devant l'idée d'un dieu créateur, nous lui découvrons celle d'un dieu juge et bourreau. En effet, l'homme ne peut s'imaginer mortel sans rechercher le responsable de son état.
Il nous faut maintenant trouver un coupable… une coupable peut-être ?
Regardons la femme qui donne naissance ! Elle est si facilement repérable puisque son corps engendre la responsabilité de la mort annoncée.
Socrate est-il coupable — comme Ève — d’avoir donné naissance à l’art de poser des questions sans réponses… en refusant que l’idée de dieux suffise à nous assurer une vérité ?
Suis-je coupable ou innocent de la faute… de vouloir apprendre ?
Au delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable…
La liberté c’est la loi, nous rappelle Charles Louis de Montesquieu[3]… par cette phrase socratique, peut-être ne nous dit-il pas d’obéir simplement à la loi mais plutôt de connaître le mieux possibles ces règles que nul n’est sensé ignorer… au risque même d’être en danger, et d’agir intelligemment pour s’en libérer avec art ?
Soyons subtiles et attentifs : pour l’avortement aujourd’hui, en France, à J-1, il est médecin, à J+1, c’est un assassin… Hier, c’était autrement, demain, nous n’en savons rien et ailleurs, c’est différent…
Je suis un héros ou un criminel — pour avoir tué mon frère — selon sa religion, sa couleur de peau, son appartenance politique ou selon simplement le côté du fleuve où je me trouve[4] !
L'autre est-elle coupable ou innocente de la faute ?
—————————— notes
[1] La maïeutique : une technique qui consiste à bien interroger une personne pour lui faire exprimer (accoucher) des connaissances qu'elle n'aurait pas conceptualisées… selon Wikipédia.
[2] Une conversion tardive et quelques habiles renoncements pour bâtir une religion sur une base politique aristotélicienne chez le philosophe probablement revisité.
[3] Charles Louis de Segondat de Montesquieu : « Ce que c’est que la liberté…
Il est vrai que dans les démocraties, le peuple paraît faire ce qu’il veut ; mais la liberté politique ne consiste point à faire ce que l’on veut. Dans un État, c’est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu’à vouloir faire ce que l’on doit vouloir, et à n’être pas contraint de faire ce que l’on ne doit pas vouloir. Il faut se mettre dans l’esprit ce que c’est que l’indépendance, et ce que c’est que la liberté. La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent ; et si un citoyen pouvait faire ce qu’elles défendent, il n’aurait plus de liberté, parce que les autres auraient tout de même ce pouvoir. » L’Esprit des Lois (1748) Livre X1, chapitre 3.
[4] Blaise Pascal : « Est-ce que quelque chose peut être plus stupide que le fait qu’un homme ait le droit de me tuer juste parce qu'il vit de l'autre côté d'un fleuve » ?
Au delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable…
La liberté c’est la loi, nous rappelle Charles Louis de Montesquieu[3]… par cette phrase socratique, peut-être ne nous dit-il pas d’obéir simplement à la loi mais plutôt de connaître le mieux possibles ces règles que nul n’est sensé ignorer… au risque même d’être en danger, et d’agir intelligemment pour s’en libérer avec art ?
Soyons subtiles et attentifs : pour l’avortement aujourd’hui, en France, à J-1, il est médecin, à J+1, c’est un assassin… Hier, c’était autrement, demain, nous n’en savons rien et ailleurs, c’est différent…
Je suis un héros ou un criminel — pour avoir tué mon frère — selon sa religion, sa couleur de peau, son appartenance politique ou selon simplement le côté du fleuve où je me trouve[4] !
L'autre est-elle coupable ou innocente de la faute ?
—————————— notes
[1] La maïeutique : une technique qui consiste à bien interroger une personne pour lui faire exprimer (accoucher) des connaissances qu'elle n'aurait pas conceptualisées… selon Wikipédia.
[2] Une conversion tardive et quelques habiles renoncements pour bâtir une religion sur une base politique aristotélicienne chez le philosophe probablement revisité.
[3] Charles Louis de Segondat de Montesquieu : « Ce que c’est que la liberté…
Il est vrai que dans les démocraties, le peuple paraît faire ce qu’il veut ; mais la liberté politique ne consiste point à faire ce que l’on veut. Dans un État, c’est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu’à vouloir faire ce que l’on doit vouloir, et à n’être pas contraint de faire ce que l’on ne doit pas vouloir. Il faut se mettre dans l’esprit ce que c’est que l’indépendance, et ce que c’est que la liberté. La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent ; et si un citoyen pouvait faire ce qu’elles défendent, il n’aurait plus de liberté, parce que les autres auraient tout de même ce pouvoir. » L’Esprit des Lois (1748) Livre X1, chapitre 3.
[4] Blaise Pascal : « Est-ce que quelque chose peut être plus stupide que le fait qu’un homme ait le droit de me tuer juste parce qu'il vit de l'autre côté d'un fleuve » ?
Vers la
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Une promenade socratique avec Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, philanalyste et pirate des mots…
Auteur : Yves Philippe de Francqueville
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