Une promenade socratique avec Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, philanalyste et pirate des mots…
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Champs de ruines ?
Devant ces jachères que les hommes s’imposent sous le regard de leurs dieux… la politique de la terre brûlée ne devrait durer qu’un temps : retournons la terre ; c’est l’heure des semailles !
Revenons à cette idée de l’homme Socrate et voyons ce qu’il annonce de nouveau.
Socrate est magnifique[1] : un corps, un visage harmonieux, une vigueur reconnue et appréciée… un vrai Apollon !
La beauté de l'art grec !
La Grèce antique n’a pas encore trouvé de suivante pour développer sur notre petite planète, une civilisation où la quête de l’idée du beau mènerait son peuple à l’élever de sa nature animale.
Les sociétés post socratiques ne pouvaient pas donner à Socrate trop de qualités divines… Il l’on simplement massacré !
Tentons alors de restaurer Socrate comme humain…
Socrate est d’origine aristocratique… instruit, courageux, audacieux et particulièrement subtile. Il est déjà le fruit de nombreuses générations évoluées pour ne pas devoir tout découvrir en une seule vie.
Sa soif d’apprendre est imprégnée d’une culture ancienne. Il est en mesure de poursuivre son initiation à la vie… tout en enseignant ses acquis.
Évidemment : Platon, lui-même descendant des premiers rois d’Athènes — eux-mêmes issus des dieux par Japet[2], le père des humains — n’allait pas se poser en laideron débile, issu de la plèbe…
Certains auteurs — pillards d’un passé créateur — révèlent leur pauvres ressources personnelles : ils nous dévoilent qu’ils ne sont pas générations spontanées en voulant faire de notre philosophe un homme banal et vulgaire, issu d’un passé sans origines.
Pourquoi donc toute la belle jeunesse d’Athènes aurait suivi, écouté, aimé Socrate ?
Platon, en premier, ne s’abaisserait pas à fréquenter un être sans légitimité historique et laid, alors que le culte de la beauté règne sur la Cité, très ancrée dans la mémoire généalogique.
Savoir qu’il ne sait rien n’est pas finalement une moquerie mâtinée d’orgueil ; c’est l’intime conviction que la vérité se conjugue au présent comme le rappelait donc Anatole France dans ses dernières conversations[3].
L’humain serait bien stupide et réducteur à croire aujourd’hui qu’une maison sédentaire de pierre est plus fiable qu’une toile de tente nomade. L’humain régresse lorsqu’il n’est plus migrateur[4]. Il s’abêtit aussi lorsqu’il s’enferme dans l’idée d’une légitimité de la propriété privée.
Diogène, comme Mohandas Karamchand Gandhi, vivait la nudité comme une liberté pour s’enrichir de la connaissance du monde. Mohandas Karamchand Gandhi garda un bol et une assiette en argent massif pour se nourrir, ses sandales pour marcher, et ses lunettes pour lire…
Diogène — un Socrate libéré selon Platon — a-t-il réellement brisé son écuelle[5] ?
——————————— notes
[1] Le Problème Socrate de Friedrich Nietzsche dans le Crépuscule des Idoles où l’auteur nous dévoile sa propre frustration en revisitant tristement Socrate.
[2] Japet, nom de magicien donné par le créateur de la base généalogique Pierfit, à Yves Philippe de Francqueville, où ce dernier œuvre avec plaisir et sérieux.
[3] Anatole France, Dernières conversations… : « La théorie d’Albert Einstein ? Oh, je la crois vraie au moins pour cent ans… mettons quatre-vingts si cent vous paraissent trop ».
[4] Aristote : Ethique de Nicomaque : « L’hirondelle ne fait pas le printemps ».
Cette affirmation me semble désespérante car elle fige l’humain dans un devoir d’écouter son maître plutôt que de se fier à la nature. Non, Aristote ne peut pas avoir dis cela… c’est tellement emprunt de religiosité ! J’aime à penser que c’est encore une « modification » orientée des copistes et autres traducteurs à la solde des puissants ! Oui, je suis persuadé qu’une hirondelle est assez intelligente et en bonne entente avec la mère nature pour savoir s’il est juste de venir maintenant ou non en des terres propices à sa nidification.
Voici un joli proverbe qui se profile dans ce jardin libéré : « L’hirondelle nous annonce le printemps ».
[5] Diogène : Le présenter dans un tonneau est déjà comique au pays de l’amphore !
Vers la
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Une promenade socratique avec Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, philanalyste et pirate des mots…
Auteur : Yves Philippe de Francqueville
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