Une promenade socratique avec Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, philanalyste et pirate des mots…
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La liberté et la connaissance…
Le désir du beau et du bon !
Pour être libre, faut-il tout abandonner ou tout détruire de l’autre et de soi-même ? Est-il plus judicieux de préférer la connaissance et l’intelligence du travail bien fait plutôt que de prendre les armes pour arriver à une révolution… comme Fernando Pessoa[1] nous y invite avec finesse dans Le Banquier Anarchiste ?
Peut-être est-il plus sage de préférer l’évolution à la révolution ?
Nous sommes maintenant près des fleurs et des fruits…
« Ce matin le soleil ne brillait que pour moi » a peut-être écrit Diogène, lorsqu’Alexandre le Grand vint le visiter…
Seule l’idée d’un dieu, d’un père… impose une autorité. Les règles de Socrate ne sont plus basées sur la crainte d’un pouvoir supérieur mais s’ouvrent sur la considération de l’autre dans un regard horizontal.
La hiérarchie verticale existera tant que l’homme ne comprendra pas que la fonction prime sur un grade… Nous avons besoin les uns des autres afin de réussir une mission quelle qu’elle soit.
Chez les Pirates, cette règle d’honneur est à la base même de leurs raisons d’être…
Socrate n’est pas un maître ou une idole, et ses trois tamis nous offre une belle leçon de vie :
Rapporté d’un apologue inconnu :
« Un homme accourut un jour vers Socrate le Sage:
— II faut absolument que je te raconte, dit-il, visiblement excité, n’aurais-tu jamais cru cela ? Tu sais, ton ami...
— Arrête ! l'interrompt Socrate, as-tu passé ce que tu désires si ardemment me communiquer par les trois cribles ?
— Que veux-tu dire ?
— Le premier crible est celui de la vérité :
Ce que tu as à me dire, est-ce absolument vrai ?
— Je le pense, reprit l'autre, mais enfin, je ne l'ai pas vu de mes propres yeux, c'est un camarade, Untel, qui m'a confié cela sous le sceau du secret que...
— Stop. Le deuxième crible, interrompt à nouveau Socrate, c’est celui de la bonté ;
Ce que tu vas me dire, est-ce une chose bonne? Parles-tu en bien de ton prochain ?
— Pas précisément, plutôt le contraire.
— Le troisième crible enfin est celui de la nécessité ;
Est-il absolument indispensable que je sache ce qui semble te mettre en un tel émoi ?
— Indispensable ? Non, pas tout à fait… mais enfin, je pensais...
— Eh bien, mon ami, si ce que tu as à me dire n'est ni indispensable, ni charitable, ni incontestablement vrai, pourquoi le colporter ?
Efface-le de ta mémoire et parlons de choses plus sages »[2].
Socrate a-t-il vraiment proposé ces trois règles ?
Peut-être ?
C’est presque religieux et assez sentencieux.
Voilà comment je les ai revisitées sous un regard humaniste :
Peut-être est-il plus sage de préférer l’évolution à la révolution ?
Nous sommes maintenant près des fleurs et des fruits…
« Ce matin le soleil ne brillait que pour moi » a peut-être écrit Diogène, lorsqu’Alexandre le Grand vint le visiter…
Seule l’idée d’un dieu, d’un père… impose une autorité. Les règles de Socrate ne sont plus basées sur la crainte d’un pouvoir supérieur mais s’ouvrent sur la considération de l’autre dans un regard horizontal.
La hiérarchie verticale existera tant que l’homme ne comprendra pas que la fonction prime sur un grade… Nous avons besoin les uns des autres afin de réussir une mission quelle qu’elle soit.
Chez les Pirates, cette règle d’honneur est à la base même de leurs raisons d’être…
Socrate n’est pas un maître ou une idole, et ses trois tamis nous offre une belle leçon de vie :
Rapporté d’un apologue inconnu :
« Un homme accourut un jour vers Socrate le Sage:
— II faut absolument que je te raconte, dit-il, visiblement excité, n’aurais-tu jamais cru cela ? Tu sais, ton ami...
— Arrête ! l'interrompt Socrate, as-tu passé ce que tu désires si ardemment me communiquer par les trois cribles ?
— Que veux-tu dire ?
— Le premier crible est celui de la vérité :
Ce que tu as à me dire, est-ce absolument vrai ?
— Je le pense, reprit l'autre, mais enfin, je ne l'ai pas vu de mes propres yeux, c'est un camarade, Untel, qui m'a confié cela sous le sceau du secret que...
— Stop. Le deuxième crible, interrompt à nouveau Socrate, c’est celui de la bonté ;
Ce que tu vas me dire, est-ce une chose bonne? Parles-tu en bien de ton prochain ?
— Pas précisément, plutôt le contraire.
— Le troisième crible enfin est celui de la nécessité ;
Est-il absolument indispensable que je sache ce qui semble te mettre en un tel émoi ?
— Indispensable ? Non, pas tout à fait… mais enfin, je pensais...
— Eh bien, mon ami, si ce que tu as à me dire n'est ni indispensable, ni charitable, ni incontestablement vrai, pourquoi le colporter ?
Efface-le de ta mémoire et parlons de choses plus sages »[2].
Socrate a-t-il vraiment proposé ces trois règles ?
Peut-être ?
C’est presque religieux et assez sentencieux.
Voilà comment je les ai revisitées sous un regard humaniste :
Les trois filtres :
Lorsque l’on souhaite la rencontre de l’autre, il est primordial de se référer au minimum à trois filtres, et les utiliser afin de rendre la communication plus humaniste.
1. Est-ce vrai ou pas ?
2. Est-ce opportun ou pas ? (est-ce le moment ?)
3. Est-ce que cela construit ou pas ?
Il semble que la clef d’un échange sincère serait d’avoir deux filtres positifs minimum, en sachant que le troisième peut faire défaut sans mettre à mal l’intérêt du dialogue.
Un seul ne suffit pas, même si c’est notre vérité !
Oui, un propos peut être faux mais utile et opportun, tout comme un autre peut être vrai, opportun mais habilement destructeur…
Y a-t-il ici quelques propos licencieux ou maladroit ?
C’est bien loin des accusations retenues par le tribunal d’Athènes pour une condamnation à mort de Socrate…
Y voyons-nous quelques manières à corrompre la jeunesse ou un rejet affirmé des dieux anciens ?
Je ne suis pas juge.
L’obligation de respect du père, du maître, des dieux, s’impose dans trop de sociétés en raison d’un langage abscons.
Respect… un mot terrible finalement, où la peur se fixe en loi.
Socrate apporte donc, comme nous l’écrivions avant cette démonstration, un autre regard : celui de la considération…
Voyons notre Socrate rayonnant, lumineux, tant dans ses propos que dans son allure, ses gestes, sa propension à l’amour, pour être entouré de la fine fleur, des éphèbes, des chercheurs, des artistes de la Cité…
Socrate, curieux et insatiable, exprime son inquiétude de l’inconnu.
Il jouissait donc merveilleusement l’instant.
Il savait cueillir le jour tout en tentant de préserver l’idée d’un possible demain.
Socrate épicurien[3], oui… mais Socrate stoïcien !
S’il affirme comme l’a repris avec talent Michel de Montaigne,
« Que philosopher c’est apprendre à mourir »…
C’est donc qu’il est grand temps de commencer à vivre.
Osons-nous satisfaire du présent, et vivre ainsi en accord avec une nature qui ne nous appartient pas.
——————————— notes :
[1] Fernando Pessoa : Le Banquier Anarchiste.
[2] Puisé parmi de multiples versions déclinées pour une source inconnue (sur l’Internet).
[3] L’Épicurien se veut libre de savourer l’instant, le Stoïcien n’oublie pas qu’il est mortel… Michel de Montaigne reprend avec art dans ses Essais, les propos de Socrate : « que Philosopher c’est apprendre à mourir ».
Vers la
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Une promenade socratique avec Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, philanalyste et pirate des mots…
Auteur : Yves Philippe de Francqueville
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