© Le cycle de l'Austrel, tome second : Notre Sauveur, des écrits de Yves Philippe de Francqueville, pirate des mots et philanalyste. septième partie.
[Emma referme prestement son ouvrage et le glisse sous sa couche.
De la porte entrouverte se fait entendre un pas connu d'entre tous.
Pol frappe rarement.
Son sourire est la manière étonnante dont il use pour se faire annoncer.]
Pol : - Tu lisais ?
Emma : - Hum…
Pol : - Ce n'est pas simple de se procurer quelques bons livres.
Les réserves sont toujours plus faibles.
Emma : - Et cependant tant d'œuvres furent écrites avant la Chalystime !
Pol : - Bien entendu, Emma.
Peut-être quelques centaines de millions de livres existaient en de nombreuses langues.
Plus encore ?
Souhaiterais-tu en lire la totalité ?
Emma : - Tout ?
Ah…
Mille vies ne suffiraient pas à couvrir ne serait-ce qu’une infime partie de mes désirs…
Il y a pourtant certaines pièces maîtresses pour la connaissance de l'homme.
Pol : - Ah oui ?
Emma : - Je suis furieuse de ne pas en trouver quelques-uns qui me manquent cruellement.
Ils sont certainement perdus pour toujours.
Un ouvrage disparu, c'est un pas en arrière pour la société…
Pol : - Tu sais, les cultures n'existent pas d'une manière absolue.
Tout serait plutôt temporaire.
La mémoire de l'humanité est éphémère…
Il y a quelques millénaires, aux yeux de nombreux philosophes, la plus grande catastrophe intellectuelle fut la destruction d'une bibliothèque, pièce centrale d'une civilisation avancée…
À peine quelques siècles plus tard, c'est une autre qui fut détruite sous le commandement d'un chef religieux estimant que seul le livre de son prophète avait droit d'exister[i] !
Et l'histoire se réécrit par la création de nouveaux sanctuaires dédiés à la culture, que d’autres brûleront au nom de leur doctrine du moment…
L’autodafé nourrit les dieux…
L’holocauste est un sacrifice plaisant !
Les bûchers sont le quotidien des tyrans.
Emma : - Oui, Yeph m'a déjà conté ces tristes légendes qui tracent notre monde.
Des œuvres exemplaires sont parties en fumée.
C'est un drame en effet répété aujourd'hui par les forces de l'Archyeur.
Les dieux ont faim…
Ils se nourrissent des flammes de notre culture pour mieux nous emprisonner dans l'ignorance.
L'Archyeur est un sauveur de plus — un dieu vivant — très exigeant !
[Arrivée de Chris… reconnaissable par le bruit léger de sa canne blanche.]
Pol : - Tiens, voici l'homme…
Chris : - Ecce homo !
Tu l'as dis, bel enfant !
Je vous surprends à refaire le monde autour d'un grand feu… de joie ou de peine ?
Tu n'en as pas l'air troublé… mon cher Pol.
Pol : - Pourquoi devrais-je l'être ?
Emma : - Mais saisis-tu ce qui se perd à tout jamais des trésors de l'humanité ?
Pol : - Les flammes d'Alexandrie n'ont pas empêché de nouvelles cultures de se bâtir … pour en massacrer d'autres.
Après la chute de Ctésiphon, l'oubli s'est aussi imposé pour laisser la place à d'autres sociétés toujours tyranniques… Qu'elles soient politiques ou religieuses… les deux souvent réunies.
Et les voici maîtres un jour, puis esclaves à leur tour…
Les envahisseurs d’hier pleurent d’être colonisés aujourd’hui !
Demain, ils savoureront la victoire sur l'herbe qui pousse, recouvrant les charniers… des cadavres entassés de leurs enfants.
Les généraux envoient sans scrupule leurs fils et leurs filles combattre les ennemis de la nation…
Ils pensent nécessaire de défendre ces frontières symboliques, tracées du sang des perdants.
Nous n’avons pas beaucoup de mémoire.
Chris : - C'est notre grande problématique… nous avons davantage la capacité à transformer !
Nous sommes les champions de la légende… l'art de revisiter l'histoire afin de valoriser notre intérêt.
L’homme qui croit posséder légitimement un bien l’a probablement dérobé à un autre… et si ce n’est lui, c’est donc son père[i].
Pol : - Ou bien quelqu’un des siens !
Chris : - Oui… une terre promise est souvent déjà occupée[ii] !
Annoncer une promesse divine, peut-être aussi une magnifique machination politique afin d’étendre sa puissance pour un temps donné ?
À ce jour, un homme domine… demain, un autre ?
Peut-être le singe[iii] ou le chat, seront-ils les tyrans du futur ?
Emma : - Est-ce un crime que d’hériter ?
Chris : - Je le pense… si l'on n'est pas acteur de sa propre vie…
Hériter d'un être brillant ne fait pas de nous une personne de qualité.
Aussi, combien de fortunes se sont construites sur l'exploitation des peuples, sur des tricheries, des violences, des mensonges ?
L'argent que l’on pense légitime a parfois une odeur de cadavres !
Pol : - Oui.
Certainement.
Par cet acte innocent dans l’apparence, nous approuvons sans mot dire les méfaits et les injustices du passé.
La conquête d’un territoire, l’illusion de la terre vierge ou d’un nouveau monde, se fait toujours au détriment du plus faible.
Tôt où tard, naîtra un plus fort qui d’esclave se fera maître, pour se battre, tuer… puis s’incliner et périr à son tour.
J'acquiesce de même pour le rejet de la propriété privée.
Moi aussi…
Je trouve indécent le fait de posséder.
Cette insupportable obsession à entasser sans utiliser, me révolte.
La propriété privée construit la fin annoncée de l’espèce humaine.
Emma : - Cela saurait cependant fonctionner si l'humain n'était pas jaloux
Souvent, lorsque l'on prête, lorsque l'on ouvre les portes à ses trésors, l'autre qui ne respecte rien, abîme, vole… détériore ou néglige !
La confiance est difficile à obtenir de l'autre… en même temps, pas de propriété, c’est bien souvent au final une seule propriété !
Hélas, par négligence ou inattention, l’on perd la mémoire et le danger n’est plus mesuré à sa propre valeur : l’arrivée d’hommes cupides qui ne peuvent s’empêcher de fermer l’angle haut de la pyramide qui s’est façonnée insidieusement… pour y placer un Austrel avec l’un ou l’autre de ces Archyeurs dont nous nous méfions.
Ne vaut-il pas mieux être davantage méfiants… que nous nous identifiions les uns les autres ?
Chris : - Absolument, Emma.
La peur, l'orgueil, l'envie, la haine, s'ajoutent aux obstacles du don… et les barbelés sur la prairie réduisent l'art de communiquer.
On croit posséder en liberté alors que cela nous enferme.
Nous sommes souvent prisonniers de nos biens.
Il faut comme toujours rechercher une harmonie dans l’équilibre instable du nécessaire et de ce qui nous handicape.
Le paysage que je regarde m'appartient par l'énergie que je reçois et que je donne.
Pol : - Une clôture me sépare du monde, mais me protège du loup…
Emma : - Si le loup entre par ruse dans la bergerie, il sera en sécurité pour se satisfaire avec tranquillité !
La porte fermée est aussi dangereuse, à ne pas savoir qui s’annonce.
Chris : - Tandis que la rencontre… même risquée, nous permet d'évoluer.
Pol : - L’art de courir vite, si la maison s’envole ?
Oui, tu as raison…
Au moins nous aurons profité d’instants paisibles pour vivre le beau sans nous obséder à construire de larmes et de sang un univers ultra sécurisé… que d'autres — persuadés d'avoir la vérité vraie — massacreront tôt ou tard[iv].
Il y aura toujours ceux qui pensent naturel d’imposer un idéal de vie qui n'est pas nécessairement souhaité par tous !
Du vent dans leurs certitudes et pschitt… pour eux aussi !
Combien de tribus, de clans, d’empires, de royaumes, de reichs, ont cru se bâtir pour dix mille ans, avec pour toute légitimité le sang des peuples ?
Pour le bonheur des fidèles… au nom d'un dieu ou d'une idéologie parfaite ?
À la tête de ces folies meurtrières, toujours un sauveur… qui en a chassé un autre !
De certains, nous commémorons encore quelques fosses communes !
Emma : - Ah, vous n'êtes pas très optimistes quant à l'avenir de l'homme…
Mais je vous comprends !
Si je me rapproche des actes de l'Archyeur et des désirs de Phil et de Sako… Il y a tous les ingrédients pour que nous allions de nouveau au chaos…
Je préfère créer plutôt…
L'art… le beau…
Cela me semble plus utile et davantage constructeur que cette obsession du bonheur de l'autre, imposé par la force.
Yeph a raison dans la dimension à donner à la connaissance.
La lecture est une bonne base…
L'écrit diffère d’une conquête.
La disparition d'un livre reste un drame irréparable.
Pol : - Pas forcément.
Chris : - Pol a raison…
Rédigé hier, disparu aujourd'hui, il sera peut-être créé derechef : davantage au goût du jour, moins démodé à nos yeux avides d’un chimérique changement.
L’auteur précédent est parfois même encore en vie lorsque se présente l’œuvre retrouvée ou rénovée[v] !
Il y a des mines d'or de trésors de la littérature qui sont pillées chaque jour pour que des pseudo-auteurs commettent des best-sellers qui s'étalent dans les supermarchés…
C'est souvent une copie… tantôt un chef d'œuvre du plagiat, ou exceptionnellement une création bien réelle…
Une lettre suffit pour annoncer l'original[vi] !
Là se trouve bien l’illusion d’une gloire créatrice.
Pol : - Ah, que j'aime notre liberté d'expression sans censure ni autocensure !
Cela m'ouvre l'esprit encore et toujours à d'autres portes !
Et si nous nous enregistrions ?
Oui !
Ah, écoutez mon histoire…
L'absurde de la vie des humains est semblable au buisson de roses, à l'entrée du sas 27.
Emma : - Plaît-il ?
Chris : - J'ai plaisir à savourer tes digressions passionnantes !
Nous sommes attentifs !
Pol : - Oui, merci.
Par mes propos, je saurai peut-être vous conduire aux larmes en contant ma visite ce matin à une fleur magnifique aux reflets argentés.
Son parfum embaumait toutes les autres.
L'harmonie de sa robe paralysait mes sens.
J’étais pétrifié de plaisir.
L'extase…
Combien de minutes se sont écoulées — ô moment sublime — où je me suis perdu dans mon bel univers ?
Les yeux fermés, c'était une symphonie dont les notes légères, déjà, s’oublient…
[Long silence.
L'on perçoit l'essence de cette fleur s'imprégner dans l'atmosphère de la pièce.]
L'on perçoit l'essence de cette fleur s'imprégner dans l'atmosphère de la pièce.]
Emma : - Alors ?
Pol : - Ce soir, lorsque je suis passé de nouveau près du sas, quelqu'un l'avait coupée…
Pol : - Ce soir, lorsque je suis passé de nouveau près du sas, quelqu'un l'avait coupée…
MÉMORIAL
Comme une rose blanche,
En pardon : une offrande
Au visage fané
De n’avoir pas souri
Lorsque je le croisais…
L’oiseau sur une branche
A fixé mon regard
Avant de s’envoler
Pour une île lointaine,
Et je suis seul ici…
J’ai pleuré ton image
Un soir de désespoir :
Où tes pas dans le vent
S’éloignent sans un bruit
Pour que demain s’oublie…
Comme un rêve s’achève
Un matin de l’automne.
Après avoir aimé
Ses couleurs, les parfums :
Tout n’est plus, tout est nu…
N’as-tu pas vu l’hiver
Accueillir en vainqueur
— Au chant des malheureux --
Ton départ incompris
Par mon âme blessée ?
Le froid saura m’éteindre.
Il a rejoint mon cœur,
Et me brûle sans fin
Lorsque j'ouvre les yeux
Pour saisir ton refus !
Tu poseras la fleur,
— Une pâle lumière --
En ce jour de printemps :
J'ai quitté pour toujours
Les plaisirs de la terre.
Emma : - Oh…
Mais pourquoi cette rose ?
Pol : - Peut-être pour en réaliser le plus joli bouquet de la Base…
Peut-être fleurit-il la cellule de Yeph ?
Ou quelque plaque au grand funératorium de la Cité…
Un merveilleux assemblage qui demain partira dans l'incinérateur ?
Voilà l'éphémère de notre propre vie, de nos propres œuvres.
L'éternité soit… mais en dehors de l'espace et du temps.
Emma : - Pol, ta fleur est immortelle, puisque tu en fais mémoire…
Pol : - Bien sûr, elle l'est, dans ce court espace-temps de mon esprit, de sa futile existence.
Pour celui qui n'a pas su la remarquer — pour l'être incapable de vibrer à son charme — la rose, cette unique aimée parmi toutes celles du buisson près du sas 27, n'a jamais existé.
Emma : - Si.
Tu en as pris conscience !
Tu nous en parles, même.
Elle devient alors, car nous l’imaginons !
Depuis quelques instants, je perçois ses effluves[i] !
Chris : - Je le crois aussi…
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent[ii] et l’objet prend forme par son jaillissement du néant[iii].
Sa réalité s'inscrit dans notre affect.
Pol : - Elle est pour toi, pour moi pour nous… si l'amour nous porte à saisir le beau dans l'instant.
Je vis dans ce que je donne… comme je prends forme moi-même dans ce que je reçois.
Son existence de rose n'est plus lorsque disparaissent les sentiments éprouvés à son égard.
Emma : - Tu en parles si bien…
Crois-tu qu'elle puisse être éternelle si toi-même l'étais ?
Pol : - Ah, chère Emma, l'immortalité te tente encore et toujours !
Tu sors alors de la dimension temps.
En effet, la plante, comme l'humain, naît pour mourir.
De sa vie de fleur, mon regard s'est fixé sur l'instant précis où son rayonnement était optimal.
Peut-être qu'une heure après mon passage, était-elle fanée, bonne à être ignorée, pleurée ou jetée ?
Il est sage aussi d'interpréter ma passion et mon enchantement comme une illusion quelconque, embellie par la joie qui m'habite !
Chris : - Tu es dans le vrai Pol.
Notre réalité se lie aux sentiments du vivant.
Emma : - Laisses-tu cependant le hasard donner raison à votre rencontre ?
Pol : - Je ne sais pas.
Tu préférerais peut-être l’hypothèse d’un dieu gestionnaire ?
Qu'en penses-tu ?
Emma : - Difficile de saisir cette situation.
Je crois ne pas être dans ce besoin.
Tu as donné une définition originale et suffisante du sens de la vie.
Tu étais disponible pour créer l'harmonie.
Le mot hasard n'est pas “graduable”.
Les faits sont là, tu es passé près d’une rose… Maintenant la communion me semble la résultante du cheminement des deux êtres de vie.
Chris : - Tu donnes donc à cette plante une capacité à penser ?
Emma : - Non…
Quoi que ?
J'essaie simplement de concevoir si elle existe par elle-même… sans ta présence.
À t’écouter, Pol, tu attaches beaucoup d'importance à cette fleur qui serait jugée quelconque, aux yeux d’un être insensible à ses talents !
Pol : - Il le faut !
C'est fondamental.
Cette découverte représente une étape dans mon évolution.
Sa raison d'être devient partie intégrante de moi-même.
Emma : - Et le fait qu'elle se soit fanée ?
Pol : - Cela me peine certainement.
Non qu'elle dût mourir… mais que d’autres ne soient pas toujours capables de saisir la beauté, lorsque l’heure est venue.
J’aimerais vivre plus souvent mon idée du beau.
Chris : - Ma quête est similaire…
La musique s'avère l'outil qui me plaît à façonner pour créer la rencontre.
Quoi de plus merveilleux ?
Que serions-nous sans mélodie ?
Pol : - Ta pensée reste limitée au bon usage de ton art… Sur un air entraînant, combien sont partis tuer et mourir à la guerre ?
Combien de rafales de mitrailleuses sur fonds de gammes déclinées ?
Chris : - Non…
Pol, je ne peux pas te suivre dans ce concept qui deviendrait très vite binaire…
Emma : - Nous imposer l'idée qu'il y aurait une bonne et une mauvaise musique ?
Ce n'est pas honnête.
Chris : - Voilà où j'estime qu'il est absurde de se réduire, au regard limité de l'usage fait par certains d'un air, d'une création de génie.
Avant la Chalystime, des compositeurs extraordinaires furent maudits[iv] parce que des tyrans avaient utilisé leurs œuvres pour annoncer la mort !
Et pendant ce temps là, d'autres nations "innocentes", sous des refrains rythmés, se réjouissaient de succès sportifs en réclamant — certaines dites démocratiques — jusqu'à des ruisseaux de sang pour leurs adversaires[v] !
Ils faisaient chanter des hymnes patriotiques d'une violence inouïe par des enfants, tous en admiration devant de superbes défilés militaires…
La tradition voulait même que des canons et des bombes paradent en chansons à la gloire de la mort !
La musique — comme la parole ou l'image — peut être dévoyée, mais l'essence même de cet art élève l'humain !
Elle fait partie des espaces de pluripossibilités.
Pol : - En connais-tu beaucoup ?
Je veux parler des Humains ?
Cela fait déjà quelques cycles que j'ai bien compris celui qui se promenait dans Athènes, en plein jour, une lanterne à la main… à la recherche des hommes[vi] !
Il y en a si peu au milieu de cette fange interminable de bipèdes assoiffés de sang…
Chris : - Des philosophes perdus, en mal d'amour… déçus de ne pas être écoutés s'étaient enfermés dans un labyrinthe où l'issue leur semblait n'être que la porte du surhomme[vii]…
Ils tuaient alors le dieu du moment pour espérer rencontrer le suivant…
Ils n'ont pas compris que c'était l'homme en devenir… l'ouverture à leur espérance !
Certains l'ont compris trop tard… le désespoir ayant pris place sur le désir d'évoluer vers l'amour humain.
De grands génies se sont emmurés vivants dans un silence fou…
La solitude les a tués !
Emma : - Faudrait-il alors parfois s'affliger davantage devant une rose qui se fane plutôt qu'auprès de ces pseudo-humains en chemin vers la mort ?
L’herbe pousse… les enfants meurent[viii] : c’est un cycle de vie.
Parfois un être s'éveille ?
Pol : - Dangereux et presque absurde…
Saurais-tu définir qui est homme et qui ne l'est pas ?
Chris : - Veux-tu entrer dans cette illusion dramatique de l'eugénisme ?
Emma : - Non !
Surtout pas…
Ne voyez pas de mépris ou de discrimination dans ma pensée.
Ma question s'ouvre sur le fait que nous ne sommes que de passage sur cette petite planète et que rien n'a d'importance autre que l'amour reçu et donné… le temps d'une longue ou courte vie.
Pourquoi aurions-nous doté l'homme d'une âme tout en laissant les roses se faner ?
Je n'arrive pas à croire en l'immortalité.
J’ai cependant quelques difficultés à penser que nous ne puissions exister qu'au stade — certes charmant — des fleurs ou des oiseaux…
Y aurait-il quelque chose de plus dans notre réalité… autrement que dans l’illusion du plaisir ?
Pol : - L'humain en devenir est un créateur.
Pour les roses, désolé, je ne vois pas vraiment ce que nous pouvions faire.
Cependant, tu as raison, Emma : nous avons la charge de nos âmes…
Emma : - Et pour le moment, je nous perçois davantage destructeur…
Pol : - L'art, l'idée de beau, notamment par les livres et la musique… puisque c'est autour d'eux que notre réflexion prit naissance, voilà — je pense — une source inépuisable de découvertes, qui nous mèneront peut-être à cesser de rechercher un dieu, un sauveur… pour enfin rencontrer l'humain ?
Emma : - Ta pensée se projette sur un univers cruel tenu par des mains ensanglantées.
Qui nous laisserait mener à bien cette mission de vie ?
Tu as raison cependant, je pense…
En effet, seule la création nous orientera vers le monde où nous nous trouvons parfois : celui où nous dialoguons, celui où nous aimons.
© Le cycle de l'Austrel, tome second : Notre Sauveur, des écrits de Yves Philippe de Francqueville, pirate des mots et philanalyste. septième partie.
Auteur : Yves Philippe de Francqueville
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