À la recherche du surhomme : page 6. Se croire exister… en tant qu'humain !
Par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, philanalyste et pirate des mots.
Par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, philanalyste et pirate des mots.
Étude réalisée à partir des notes 22, 81, 411, 415, X49, X162, X194 & X263 extraites de la première liasse,
Des réflexions de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, réunies, complétées et annotées.
Si ce nom d’auteur est rappelé souvent dans cette conférence, c’est pour permettre aux moteurs de recherche de l’Internet de se rappeler à son bon souvenir… et de lutter avec art contre la fange journalistique nauséeuse et médiocre qui n'aime pas les poètes !
Voici : à la recherche du surhomme ?
Des réflexions de Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, réunies, complétées et annotées.
Si ce nom d’auteur est rappelé souvent dans cette conférence, c’est pour permettre aux moteurs de recherche de l’Internet de se rappeler à son bon souvenir… et de lutter avec art contre la fange journalistique nauséeuse et médiocre qui n'aime pas les poètes !
Voici : à la recherche du surhomme ?
6. Se croire exister…
En tant
qu'humain !
C’est le drame de l’immédiateté : un véritable syndrome. L’humain
a de moins en moins la capacité de gérer le temps qu’il a inventé comme moyen
de communiquer et dont il s’est rendu esclave. Impossible de se retrouver,
voici qu’il se perd. Le temps devient aujourd’hui son pire ennemi.
L’acte de penser implique aussi la gestion du mouvement, c’est-à-dire prendre conscience que la plupart des espèces ne sont pas capables — encore à ce jour — de se téléporter. Mon rendez-vous de 9h00 impliquerait que je sois prêt à 9h00. Mais si je n’ai pas la capacité de gérer le temps qu’il me faut, de l’endroit où je suis pour arriver au lieu où je souhaite me rendre, je dois gérer mon déplacement en prenant en compte un autre espace-temps.
Un enfant n’est pas nécessairement en retard, il a juste omis le fait qu’être prêt n’est pas forcément être là.
Penser que je suis en un espace défini peut impliquer que j’y suis effectivement, à condition de parfaitement gérer l’espace et le temps.
L’acte de penser implique aussi la gestion du mouvement, c’est-à-dire prendre conscience que la plupart des espèces ne sont pas capables — encore à ce jour — de se téléporter. Mon rendez-vous de 9h00 impliquerait que je sois prêt à 9h00. Mais si je n’ai pas la capacité de gérer le temps qu’il me faut, de l’endroit où je suis pour arriver au lieu où je souhaite me rendre, je dois gérer mon déplacement en prenant en compte un autre espace-temps.
Un enfant n’est pas nécessairement en retard, il a juste omis le fait qu’être prêt n’est pas forcément être là.
Penser que je suis en un espace défini peut impliquer que j’y suis effectivement, à condition de parfaitement gérer l’espace et le temps.
« Je pense y être, j’y suis » ?
Non !
Pas toujours, à ce qu’il paraît ?
L’homme pourrait soi-disant y arriver s’il parvient à unir le temps avec l’espace, à vingt décimales prêt. C’est-à-dire « à être là » où il le désire, réellement dans une similitude entre la pensée et l’acte, proche à 99,999999999999999999999/100 : vingt décimales près. (Cf. encore Alfred Elton Van VOGT, dans « Le monde des Ā » où s’annonce la sémantique générale).
Yeph et ses amis sont aussi fort habiles — comme Gilbert GOSSEYN — dans l’art d’utiliser la téléportation (Cf. Le cycle de L’Austrel, théâtre philosophique d’anticipation « traduit de l’américain », présenté par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, où se dévoile le concept de la philanalyse).
Selon Albert EINSTEIN, la lumière est constituée d’une suite d’ondes mais elle est aussi un ensemble de particules constituées de photons… le photon, qui n’aurait pas de masse. Pour tenter de faire vivre une théorie un peu bancale, on lui donne tout de même — pour effectuer certains calculs — une masse quasi-nulle mais qui existe… et qui serait de 1,46x10-49Kg d'après Roger COUDERT.
Cette idée dépasse donc le principe de la sémantique générale présentée par le comte Alfred Abdank KORZYBSKI : Nous sommes ici à compter à 49 décimales près pour tenter de démontrer notre existence moléculaire et « ondulaire » !
Sommes-nous décidés à dépasser la vitesse de la lumière, sommes-nous capables de nous téléporter ?
Si techniquement tout pouvait fonctionner, la sagesse de l’homme ne serait pas suffisante pour utiliser le progrès sans se mettre en danger : en deux ou trois générations, la plupart des humains perdrait l’usage de ses jambes… C’est une situation explicitement évoquée dans « WALL-E », film d’animation réussi des studios Pixar, à voir ou à revoir !
La théorie d’Albert EINSTEIN est maintenant proche de la retraite, comme l’avait annoncé Anatole FRANCE dans les années 1920, prédisant l’avenir…
Le talentueux et respectueux Nicolas SÉGUR, ayant recueilli ses dernières conversations avec Anatole FRANCE, nous en offre quelques pages grandioses dont voici un court extrait qu’il est plaisant de voir enfin apparaître sur l’Internet et repris dans quelques livres :
Anatole FRANCE et EINSTEIN
Cet après-midi là, je trouvai, Villa Saïd, Anatole FRANCE seul avec son petit fils.
C'était pendant le court séjour d'EINSTEIN à Paris.
Nous parlions du style, et Anatole FRANCE me citait des phrases de FLAUBERT qu'il trouvait avec raison, plates et mal écrites. Puis soudain, interrompant la conversation, il me dit :
— On devrait être un peu plus inquiet de ce grand univers qui vient de décéder si brusquement.
— Quel univers ? Demandai-je, surpris.
— Mais l'ancien, celui d'hier, le newtonien, si vous voulez l'appeler ainsi, celui qui était infini, qui n'avait que trois dimensions, mais qui possédait quelque chose d'appréciable, contre lequel on pouvait au moins se cogner : la matière. Vous voici maintenant — car moi, autant dire que je suis déjà parti — vous voici dans un univers qui change, qui est une sorte de caméléon et qui, du reste, ne contient rien, tout en étant circulaire et, par cela même, fini. On peut en faire le tour. Ne vous y sentez-vous pas à l'étroit, mon ami ?
Et ne me laissant pas répondre :
— Comme THAMUS, le nautonnier massaliote qui reçut, parmi les lamentations et les pleurs des Satyres et des Nymphes, l'annonce de la mort du grand PAN, je reçus moi aussi, entre les premiers, le faire-part de la mort du Grand-Tout que nous connaissions, qui était familier à nos pères depuis deux siècles. Oui, j'ai connu EINSTEIN lorsqu'on ne parlait pas encore tant de lui. je l'ai rencontré et me suis entretenu avec lui en Allemagne. Aujourd'hui même, je l'ai revu et j'ai renoué connaissance avec lui. Il est très intelligent, avec un visage réfléchi, expressif, et non sans finesse.
— Et sa découverte ?
— Mais sa découverte paraît considérable. D'abord, elle défie le sens commun, sa découverte, et c'est un grand point. L'esprit ne peut la contenir, et pourtant les faits la prouvent. c'est là précisément ce que je trouve frappant et vraiment nouveau dans l'univers qu'EINSTEIN nous apporte. Car il nous l'apporte dans sa main, comme le Christ des images byzantines qui tient la sphère dans sa droite.
« Eh bien ! Jusqu'ici les systèmes cosmiques cadraient avec notre cerveau. celui-ci n'y consent pas. Du point de vue vulgaire, il est absurde. Il bafoue la raison. Voilà sa véritable grandeur. Affirmer qu'une balle d'acier devient une lentille d'acier quand elle est en mouvement, c'est une folie. Et il paraît que cette folie est exacte et qu'elle se prouve.
— Alors, vous acceptez la théorie d’Albert EINSTEIN ?
— Mais absolument. J’y adhère, d’abord, par mon incompétence. L’incompétence est, vous l’avez remarqué, une propriété crochue. Son mérite est de pouvoir s’attacher à tout. Et puis la théorie d’Albert EINSTEIN est vraie, absolument vraie. Nous en avons les preuves.
— Quelles preuves ?
— Mais qu’elle explique tous les faits qui débordaient sa vieille mère, je veux dire la théorie newtonienne. Il y avait, paraît-il depuis bientôt cinquante ans, des phénomènes scientifiques qui ne concordaient pas avec notre conception de l’univers. Cela gênait, cela faisait honte aux physiciens qui sont des gens pudiques. La création s’était mise à avoir des caprices, des vapeurs. L’éther qu’on avait créé à grande peine, ne suffisait plus à toute la besogne qui lui était échue. L’électro-magnétisme, tout jeune encore, se conduisait comme un galopin et en faisait à sa tête. Enfin, notre physique agonisait, commençait à sentir le cadavre. On prévoyait, on avait besoin d’Albert EINSTEIN. Et le Messie est venu.
— Évidemment, sa théorie explique tout.
— En plus, elle est prouvée par des faits. Les astronomes l’ont vérifiée, le microscope aussi.
— Alors, vous la croyez vraie ?
— Oh ! Je la crois vraie au moins pour cent ans.
— Comment, pour cent ans ?
Anatole FRANCE me regarda, comme ébahi de ma demande. Puis, d’un air un peu vexé :
— Mettons quatre-vingts si cent vous paraissent trop.
Et comme je restais un peu interdit :
— C’est la durée moyenne d’une vérité scientifique : deux, trois générations. Quant aux vérités historiques, elles sont des créatures d’une constitution bien plus fragile. Le moindre souffle de vent nouveau les emporte.
— Mais si les vérités meurent, ce ne sont pas des vérités, mais des mensonges, car, en somme, qu’est-ce que la vérité ?…
« D’abord mon ami, je crois que s’il s’agissait de la Vérité absolue, nous pourrions en dire ce que ce diable de VOLTAIRE faisait dire à SPINOZA, s’adressant à Dieu :
“Je crois, entre nous, que vous n’existez pas.”
« Mais les vérités dont nous parlons sont des vérités tout à fait relatives, einsteiniennes, précisément. Le temps, le lieu, tout peut les changer. Résultat des connaissances humaines, elles subissent nos métamorphoses. Dans le domaine scientifique et historique, une vérité, cela veut dire une explication que, pour le moment, rien ne peut contredire. Lorsque notre explication d’un fait reçoit le consentement de tous parce qu’elle paraît concorder avec l’ensemble des notions connues, nous l’appelons vraie.
« Mais comment cette vérité pourrait-elle être stable, puisque chaque jour nous découvrons des faits nouveaux ? Notre explication ancienne qui embrassait les faits d’hier ne suffit plus pour embrasser les faits d’aujourd’hui.
« Alors, nous remplaçons ou nous rapiéçons sans cesse nos vérités. On dit que le corps humain se renouvelle tous les sept ans[1]. Le plus grand nombre des vérités humaines se renouvelle tous les siècles à peu près, excepté quelques-unes, très rares, qui peuvent durer un millénaire. « Ainsi, le système de Ptolémée était une vérité pour le deuxième siècle avant Jésus. Il ne contredisait aucune des notions de cette époque et nous pouvons donc dire qu'il exprimait alors la vérité. Du temps de Galilée, il était devenu faux à cause de vieillesse.
« Ce qui est amusant, c'est que les vérités les plus abstraites, précisément parce qu'elles ne touchent pas les faits, durent longtemps. Ainsi, après vingt siècles, la géométrie euclidienne est à peu près enseignée telle quelle dans nos écoles. Pourtant, rien de plus arbitraire. Ce n'est là, dit-on, qu'une œuvre d'art. On a créé depuis, d'autres géométries ne procédant pas de la ligne droite, des géométries courbées, voutées, tirbouchonnées, qui se comportent pourtant aussi décemment que l'euclidienne. C'est en s'appuyant sur une autre géométrie que l'euclidienne, qu'Einstein a fait son beau travail.
— Alors, il n’y a pas de Vérité absolue ?
— Non, mais il y a des vérités qui vivent et meurent comme nous. Définissons la vérité, si vous voulez, en disant qu'elle est la conclusion de tout ce que nous connaissons aujourd'hui : le résultat algébrique de nos notions sur le monde au moment où nous sommes. Lorsque d'autres observations, d'autres faits, d'autres idées viendront s'y joindre, notre addition ne sera plus exacte, notre vérité ne sera plus la Vérité.
— Mais alors, la Vérité?
— Alors, alors, mon ami, la Vérité se passe dans notre petit cerveau. Ne la projetez pas hors de son misérable milieu. Elle en serait effrayée. Du reste, est-ce que l'extérieur ne change pas ? Alors ?
(…)
Extraits du livre « Dernières conversations avec Anatole France », écrit en 1927 par Nicolas SÉGUR, ami proche d'Anatole FRANCE. Il a aussi dans ses œuvres d'autres ouvrages passionnants sur ce grand maître de la littérature française !
[1] En fait, ce serait bien tous les 7 ans comme le rapporte dans « L’histoire des animaux », ARISTOTE, de ses découvertes puisées notamment dans les travaux toujours d’actualité d’HIPPOCRATE, pour… les hommes, et plus précisément tous les 5 ans 2/3 pour les femmes… selon les premiers résultats des recherches actuelles sur la philanalyse, par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE.
Pas toujours, à ce qu’il paraît ?
L’homme pourrait soi-disant y arriver s’il parvient à unir le temps avec l’espace, à vingt décimales prêt. C’est-à-dire « à être là » où il le désire, réellement dans une similitude entre la pensée et l’acte, proche à 99,999999999999999999999/100 : vingt décimales près. (Cf. encore Alfred Elton Van VOGT, dans « Le monde des Ā » où s’annonce la sémantique générale).
Yeph et ses amis sont aussi fort habiles — comme Gilbert GOSSEYN — dans l’art d’utiliser la téléportation (Cf. Le cycle de L’Austrel, théâtre philosophique d’anticipation « traduit de l’américain », présenté par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, où se dévoile le concept de la philanalyse).
Selon Albert EINSTEIN, la lumière est constituée d’une suite d’ondes mais elle est aussi un ensemble de particules constituées de photons… le photon, qui n’aurait pas de masse. Pour tenter de faire vivre une théorie un peu bancale, on lui donne tout de même — pour effectuer certains calculs — une masse quasi-nulle mais qui existe… et qui serait de 1,46x10-49Kg d'après Roger COUDERT.
Cette idée dépasse donc le principe de la sémantique générale présentée par le comte Alfred Abdank KORZYBSKI : Nous sommes ici à compter à 49 décimales près pour tenter de démontrer notre existence moléculaire et « ondulaire » !
Sommes-nous décidés à dépasser la vitesse de la lumière, sommes-nous capables de nous téléporter ?
Si techniquement tout pouvait fonctionner, la sagesse de l’homme ne serait pas suffisante pour utiliser le progrès sans se mettre en danger : en deux ou trois générations, la plupart des humains perdrait l’usage de ses jambes… C’est une situation explicitement évoquée dans « WALL-E », film d’animation réussi des studios Pixar, à voir ou à revoir !
La théorie d’Albert EINSTEIN est maintenant proche de la retraite, comme l’avait annoncé Anatole FRANCE dans les années 1920, prédisant l’avenir…
Le talentueux et respectueux Nicolas SÉGUR, ayant recueilli ses dernières conversations avec Anatole FRANCE, nous en offre quelques pages grandioses dont voici un court extrait qu’il est plaisant de voir enfin apparaître sur l’Internet et repris dans quelques livres :
Anatole FRANCE et EINSTEIN
Cet après-midi là, je trouvai, Villa Saïd, Anatole FRANCE seul avec son petit fils.
C'était pendant le court séjour d'EINSTEIN à Paris.
Nous parlions du style, et Anatole FRANCE me citait des phrases de FLAUBERT qu'il trouvait avec raison, plates et mal écrites. Puis soudain, interrompant la conversation, il me dit :
— On devrait être un peu plus inquiet de ce grand univers qui vient de décéder si brusquement.
— Quel univers ? Demandai-je, surpris.
— Mais l'ancien, celui d'hier, le newtonien, si vous voulez l'appeler ainsi, celui qui était infini, qui n'avait que trois dimensions, mais qui possédait quelque chose d'appréciable, contre lequel on pouvait au moins se cogner : la matière. Vous voici maintenant — car moi, autant dire que je suis déjà parti — vous voici dans un univers qui change, qui est une sorte de caméléon et qui, du reste, ne contient rien, tout en étant circulaire et, par cela même, fini. On peut en faire le tour. Ne vous y sentez-vous pas à l'étroit, mon ami ?
Et ne me laissant pas répondre :
— Comme THAMUS, le nautonnier massaliote qui reçut, parmi les lamentations et les pleurs des Satyres et des Nymphes, l'annonce de la mort du grand PAN, je reçus moi aussi, entre les premiers, le faire-part de la mort du Grand-Tout que nous connaissions, qui était familier à nos pères depuis deux siècles. Oui, j'ai connu EINSTEIN lorsqu'on ne parlait pas encore tant de lui. je l'ai rencontré et me suis entretenu avec lui en Allemagne. Aujourd'hui même, je l'ai revu et j'ai renoué connaissance avec lui. Il est très intelligent, avec un visage réfléchi, expressif, et non sans finesse.
— Et sa découverte ?
— Mais sa découverte paraît considérable. D'abord, elle défie le sens commun, sa découverte, et c'est un grand point. L'esprit ne peut la contenir, et pourtant les faits la prouvent. c'est là précisément ce que je trouve frappant et vraiment nouveau dans l'univers qu'EINSTEIN nous apporte. Car il nous l'apporte dans sa main, comme le Christ des images byzantines qui tient la sphère dans sa droite.
« Eh bien ! Jusqu'ici les systèmes cosmiques cadraient avec notre cerveau. celui-ci n'y consent pas. Du point de vue vulgaire, il est absurde. Il bafoue la raison. Voilà sa véritable grandeur. Affirmer qu'une balle d'acier devient une lentille d'acier quand elle est en mouvement, c'est une folie. Et il paraît que cette folie est exacte et qu'elle se prouve.
— Alors, vous acceptez la théorie d’Albert EINSTEIN ?
— Mais absolument. J’y adhère, d’abord, par mon incompétence. L’incompétence est, vous l’avez remarqué, une propriété crochue. Son mérite est de pouvoir s’attacher à tout. Et puis la théorie d’Albert EINSTEIN est vraie, absolument vraie. Nous en avons les preuves.
— Quelles preuves ?
— Mais qu’elle explique tous les faits qui débordaient sa vieille mère, je veux dire la théorie newtonienne. Il y avait, paraît-il depuis bientôt cinquante ans, des phénomènes scientifiques qui ne concordaient pas avec notre conception de l’univers. Cela gênait, cela faisait honte aux physiciens qui sont des gens pudiques. La création s’était mise à avoir des caprices, des vapeurs. L’éther qu’on avait créé à grande peine, ne suffisait plus à toute la besogne qui lui était échue. L’électro-magnétisme, tout jeune encore, se conduisait comme un galopin et en faisait à sa tête. Enfin, notre physique agonisait, commençait à sentir le cadavre. On prévoyait, on avait besoin d’Albert EINSTEIN. Et le Messie est venu.
— Évidemment, sa théorie explique tout.
— En plus, elle est prouvée par des faits. Les astronomes l’ont vérifiée, le microscope aussi.
— Alors, vous la croyez vraie ?
— Oh ! Je la crois vraie au moins pour cent ans.
— Comment, pour cent ans ?
Anatole FRANCE me regarda, comme ébahi de ma demande. Puis, d’un air un peu vexé :
— Mettons quatre-vingts si cent vous paraissent trop.
Et comme je restais un peu interdit :
— C’est la durée moyenne d’une vérité scientifique : deux, trois générations. Quant aux vérités historiques, elles sont des créatures d’une constitution bien plus fragile. Le moindre souffle de vent nouveau les emporte.
— Mais si les vérités meurent, ce ne sont pas des vérités, mais des mensonges, car, en somme, qu’est-ce que la vérité ?…
« D’abord mon ami, je crois que s’il s’agissait de la Vérité absolue, nous pourrions en dire ce que ce diable de VOLTAIRE faisait dire à SPINOZA, s’adressant à Dieu :
“Je crois, entre nous, que vous n’existez pas.”
« Mais les vérités dont nous parlons sont des vérités tout à fait relatives, einsteiniennes, précisément. Le temps, le lieu, tout peut les changer. Résultat des connaissances humaines, elles subissent nos métamorphoses. Dans le domaine scientifique et historique, une vérité, cela veut dire une explication que, pour le moment, rien ne peut contredire. Lorsque notre explication d’un fait reçoit le consentement de tous parce qu’elle paraît concorder avec l’ensemble des notions connues, nous l’appelons vraie.
« Mais comment cette vérité pourrait-elle être stable, puisque chaque jour nous découvrons des faits nouveaux ? Notre explication ancienne qui embrassait les faits d’hier ne suffit plus pour embrasser les faits d’aujourd’hui.
« Alors, nous remplaçons ou nous rapiéçons sans cesse nos vérités. On dit que le corps humain se renouvelle tous les sept ans[1]. Le plus grand nombre des vérités humaines se renouvelle tous les siècles à peu près, excepté quelques-unes, très rares, qui peuvent durer un millénaire. « Ainsi, le système de Ptolémée était une vérité pour le deuxième siècle avant Jésus. Il ne contredisait aucune des notions de cette époque et nous pouvons donc dire qu'il exprimait alors la vérité. Du temps de Galilée, il était devenu faux à cause de vieillesse.
« Ce qui est amusant, c'est que les vérités les plus abstraites, précisément parce qu'elles ne touchent pas les faits, durent longtemps. Ainsi, après vingt siècles, la géométrie euclidienne est à peu près enseignée telle quelle dans nos écoles. Pourtant, rien de plus arbitraire. Ce n'est là, dit-on, qu'une œuvre d'art. On a créé depuis, d'autres géométries ne procédant pas de la ligne droite, des géométries courbées, voutées, tirbouchonnées, qui se comportent pourtant aussi décemment que l'euclidienne. C'est en s'appuyant sur une autre géométrie que l'euclidienne, qu'Einstein a fait son beau travail.
— Alors, il n’y a pas de Vérité absolue ?
— Non, mais il y a des vérités qui vivent et meurent comme nous. Définissons la vérité, si vous voulez, en disant qu'elle est la conclusion de tout ce que nous connaissons aujourd'hui : le résultat algébrique de nos notions sur le monde au moment où nous sommes. Lorsque d'autres observations, d'autres faits, d'autres idées viendront s'y joindre, notre addition ne sera plus exacte, notre vérité ne sera plus la Vérité.
— Mais alors, la Vérité?
— Alors, alors, mon ami, la Vérité se passe dans notre petit cerveau. Ne la projetez pas hors de son misérable milieu. Elle en serait effrayée. Du reste, est-ce que l'extérieur ne change pas ? Alors ?
(…)
Extraits du livre « Dernières conversations avec Anatole France », écrit en 1927 par Nicolas SÉGUR, ami proche d'Anatole FRANCE. Il a aussi dans ses œuvres d'autres ouvrages passionnants sur ce grand maître de la littérature française !
[1] En fait, ce serait bien tous les 7 ans comme le rapporte dans « L’histoire des animaux », ARISTOTE, de ses découvertes puisées notamment dans les travaux toujours d’actualité d’HIPPOCRATE, pour… les hommes, et plus précisément tous les 5 ans 2/3 pour les femmes… selon les premiers résultats des recherches actuelles sur la philanalyse, par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE.
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Par Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, philanalyste et pirate des mots. Tous droits réservés ©.
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Auteur : Yves Philippe de Francqueville