Une promenade socratique avec Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, philanalyste et pirate des mots…
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Eve est-elle coupable ou innocente de la faute ?
Quelle est cette faute que d'avoir saisi — par la recherche de la connaissance — l'assurance de notre mortalité[1] ?
La faute est ce qui constitue mon être : donner vie, engendrer la mort…
Face à la culpabilité de la femme, devant son dieu créateur, l'homme peut se positionner en victime.
Les religions actuelles sont encore basées sur la faute d’un seul qui condamne tous les autres, à la recherche de l’unique qui les sauvera tous !
Être victime rassure, mais ne donne pas d'espérance.
Il est nécessaire pour Socrate de penser, d'imaginer une ère nouvelle avec une autre réalité première.
L’ancien monde partait d'une idée qui rassure : celle de dieux créateurs.
Une création sublime, une création parfaite…
Parfait…
Voilà notre souci.
Parfait est comme vérité, ce qui dérange Socrate dans les règles de la Cité.
L'usage de ces deux mots nous invite à fermer des portes, à nous replier sur nous même.
Ces deux mots suppriment toute communication, toute question… La possibilité de développer des idées.
Parfait et vérité entraînent la stérilité, l'inaction, la conception du rien. Les gaz parfaits sont ceux qui ne peuvent recevoir ou donner des électrons libres avec les autres éléments du tableau périodique de Dmitri Ivanovitch Mendeleïev.
Dans les écrits chrétiens des premiers siècles de notre ère, le mot parfait (ou repu, ou plein) est la traduction plus exacte du mot riche que l'on utilise à tort pour présenter celui qui ne peut accéder au royaume proposé.
Ce riche, ce parfait, j'aimerais le nommer finalement le repu.
Le repu est celui qui n'a plus faim.
Maxence Van Der Mersch écrivait qu'un homme en harmonie avec lui-même devait toujours savoir sortir de table en ayant encore un peu faim. C’est probablement pour un bon fonctionnement de l’estomac.
Oh, mille excuses, voici un chemin à découvrir un autre jour… il se fait tard…
Revenons sur notre précédent sentier :
L'homme repu n'est plus en mouvement : il est achevé.
Une race ne disparaît pas : elle s'achève.
Si elle ne transmet plus : elle est fruit en jaillissant.
Donner naissance n'est pas naître.
Un nom de famille qui s'éteint est un fruit qui se donne.
L'homme craint sa mort parce qu'il se dit mortel.
La faute est ce qui constitue mon être : donner vie, engendrer la mort…
Face à la culpabilité de la femme, devant son dieu créateur, l'homme peut se positionner en victime.
Les religions actuelles sont encore basées sur la faute d’un seul qui condamne tous les autres, à la recherche de l’unique qui les sauvera tous !
Être victime rassure, mais ne donne pas d'espérance.
Il est nécessaire pour Socrate de penser, d'imaginer une ère nouvelle avec une autre réalité première.
L’ancien monde partait d'une idée qui rassure : celle de dieux créateurs.
Une création sublime, une création parfaite…
Parfait…
Voilà notre souci.
Parfait est comme vérité, ce qui dérange Socrate dans les règles de la Cité.
L'usage de ces deux mots nous invite à fermer des portes, à nous replier sur nous même.
Ces deux mots suppriment toute communication, toute question… La possibilité de développer des idées.
Parfait et vérité entraînent la stérilité, l'inaction, la conception du rien. Les gaz parfaits sont ceux qui ne peuvent recevoir ou donner des électrons libres avec les autres éléments du tableau périodique de Dmitri Ivanovitch Mendeleïev.
Dans les écrits chrétiens des premiers siècles de notre ère, le mot parfait (ou repu, ou plein) est la traduction plus exacte du mot riche que l'on utilise à tort pour présenter celui qui ne peut accéder au royaume proposé.
Ce riche, ce parfait, j'aimerais le nommer finalement le repu.
Le repu est celui qui n'a plus faim.
Maxence Van Der Mersch écrivait qu'un homme en harmonie avec lui-même devait toujours savoir sortir de table en ayant encore un peu faim. C’est probablement pour un bon fonctionnement de l’estomac.
Oh, mille excuses, voici un chemin à découvrir un autre jour… il se fait tard…
Revenons sur notre précédent sentier :
L'homme repu n'est plus en mouvement : il est achevé.
Une race ne disparaît pas : elle s'achève.
Si elle ne transmet plus : elle est fruit en jaillissant.
Donner naissance n'est pas naître.
Un nom de famille qui s'éteint est un fruit qui se donne.
L'homme craint sa mort parce qu'il se dit mortel.
Tout homme est mortel ?
Qu'est-ce à dire ?
La mortalité comme l'immortalité sont réalités temporelles.
C’est le temps de savourer les fruits :
La vérité aussi est temporelle, locale et individuelle.
Affirmer que je suis immortel n'est pas faux et n'est pas vrai. C'est mon idée, ma force d'être : le jaillissement de mon moi.
Penser pour exister…
Allons au-delà d’un René Descartes limité à l'esprit, et donnons sens au cœur et au corps de l'homme : penser, c'est bien en rester à l'univers de la nausée. Jean Paul Sartre, dans son ouvrage éponyme, nous invite à réfléchir sur l'existence ou non d'une œuvre lorsqu'elle est encore en l'être et non devenue par le fait d'être posée, écrite… Jaillie du néant.
Penser n'est pas encore tout à fait communiquer. Il semble nécessaire de se poser : l'être de pensés doit jaillir de son moi, s'il désire exister.
Je pose alors cette question : et si Socrate était le jaillissement du moi de Platon ?
Socrate est l'idée de l'homme Platon.
Socrate est l'homme Platon.
Socrate est homme.
Socrate est un homme.
Platon est-il alors un homme ?
Platon est-il homme par le fait de s'être posé homme ?
Platon est-il alors mortel ?
Si Platon triche avec lui-même en utilisant l’idée Socrate, il s’enferme dans la spirale où Conan Doyle, Serge Dalens et tant d’autres se sont noyés : si leurs héros deviennent célèbres sans révéler l’auteur, il faut les tuer !
Certains donc veulent la mort du père pour devenir, d’autres rejettent, éloignent, condamnent ou massacrent le fils en devenir qui brille trop…
Alors faut-il donc que Socrate meure ?
Sortons du scepticisme[2]…
Oh… N’ayons pas pour autant le pessimisme facile…
Pas de conclusion hâtive pétrie de superstitions où l’on veut croire à une malédiction ou une punition divine dès que l’écueil se présente[3] !
Socrate doit-il refuser la mort ?
La fuite lui est proposée… mais quel sens donner à une sur-vie, voire une sous-vie pour un homme qui se sait innocent des crimes dont ont l’accuse ?
——————————— notes
[1] Adam et Ève face à Lucifer, le porteur de la lumière.
[2] George Berkeley : « La philosophie ne guérit pas du scepticisme auquel échappe la foule des hommes mais y plonge le philosophe ».
[3] Roger Leloup, Yoko Tsuno, la spirale du temps : « les hommes se donnent des dieux pour se rassurer puis leur inventent des légendes pour se faire peur ! ».
La fuite lui est proposée… mais quel sens donner à une sur-vie, voire une sous-vie pour un homme qui se sait innocent des crimes dont ont l’accuse ?
——————————— notes
[1] Adam et Ève face à Lucifer, le porteur de la lumière.
[2] George Berkeley : « La philosophie ne guérit pas du scepticisme auquel échappe la foule des hommes mais y plonge le philosophe ».
[3] Roger Leloup, Yoko Tsuno, la spirale du temps : « les hommes se donnent des dieux pour se rassurer puis leur inventent des légendes pour se faire peur ! ».
Vers la
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Une promenade socratique avec Yves Philippe de FRANCQUEVILLE, philanalyste et pirate des mots…
Auteur : Yves Philippe de Francqueville
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